28 déc. 2008

Gâterie hivernale


Un matin des plus froids. Un de ceux où il fait encore nuit, quand la rosée n'en finit pas de s'installer et lorsque la brume cache les premiers levés. On savoure le gel du dehors, emmitouflé sous la couette. On succombe aux températures glaciales, recroquevillé dans ses bras. C'est entre ses jambes que j'ai reposé la tête et je laisse traîner ma langue dans ces recoins de poils, de douceur et de chaleur. La joue contre son sexe et les deux synecdoques se répondent, contemplent la lumière qui pointe à travers le drap. Mais trêve de bavardages, je l'ai gobé, il a bougé. Mes dents jouent avec ton gland, je te sais réveillé, aux aguets. Ta main s'est immiscée dans nos jeux, insiste pour donner un ton sérieux. Une dernière fois, la bouche sur tes couilles et la perspective est imprenable ! Je te vois fier, tendu, impatient et fou. Nos mains travaillent à l'unisson quand ta veine, dans la moiteur de ma gorge, s'excite, et précède la décharge de ton sexe.
Ton plaisir a entraîné le mien et je ne tarde pas à m'endormir, la tête reposée entre tes jambes, sous ce drap où le soleil pointe déjà.

23 déc. 2008

Le blablabla d'une vallée


Dominique Lefort

De nouveaux talons pour l'occasion, une robe aussi sérieuse que fatale, et seulement Rien pour dessous ; les fêtes de fin d'année ! Ils avaient du choisir entre plusieurs invitations pour le très classique rituel du dîner entre couples, champ' et petits fours. Pourtant, elle aurait volontiers répondu à la très débridée mais non moins imbattable partie de pocker que plusieurs de leurs potes sans "e" concoctaient cette année encore. Sa soeur l'avait trop pressée de rentrer dans le rang et elle s'y trouvait plutôt mal à l'aise. Les femmes parlaient bébé et chiffon dans la cuisine tandis que les hommes, entassés dans les rares fauteuils, s'ingéniaient déjà à finir les bouteilles de digestif. Deux minutes plus tard et elle les rejoignait avant de passer sur le balcon, prendre l'air. Encore agacée d'avoir accepté cette grotesque mise en scène, elle pensa à entraîner Charlotte dans une danse frénétique, à se trémousser sur la table basse, à piquer les chaussettes de Georges, et à se suspendre à la cravate d'Edouard.
A taaaaable !
Ainsi, ils étaient deux maintenant, et, aux yeux de beaucoup, plus qu'un seul et même concept. Comme s'il avait trouvé la chose tout aussi barbante, il s'accouda à la balustrade, et, en soupirant de concert, ils se communiquèrent leur fou rire. Deux blagues salaces et trois verres d'apéro plus tard, ils étaient sagement assis l'un en face de l'autre, une sorte d'escargot de pâte et de viande hachée dans l'assiette, une boule de glace dans une coupe. Elle était grise, contrairement à ses compagnes qui enfanteraient sous peu ou allaitaient déjà et qui la suivaient au jus d'ananas. Encore une fois, elle voulait rire et, pour se retenir, chercha des doigts le genoux de sa moitié, concentré à suivre le monologue de son voisin de droite.
Une serviette tombe, une main cherche, une bouche trouve, une femme sous la table.
Personne ne semblait avoir remarqué le petit manège et le fou rire reprit donc, rouges d'excitation, ébouriffés qu'ils étaient. Non, elle ne se sentait pas mal. Oui, elle avait les doigts de son Jules dans son sexe pendant qu'il faisait mine de chercher l'heure dans sa veste. Et non, ça, elle ne pouvait pas le dire. Avant le traditionnel feu d'artifice du quartier, ils étaient repartis, bourrés, enchantés de ce début d'année. Maintenant, ils allaient prendre de bonnes résolutions ...

19 déc. 2008

Fontaine-Miche-Allons


Il lui avait demandé de l'attendre à l'hôtel, il ne tarderait pas. Elle était allongée sur le ventre, les cheveux défaits, rivière carbone, la tête enfouie dans l'oreiller. Un voile de déception parut sur son visage, il avait déjà du prévoir la scène et envisagé la jouissance, autrement. Comme à son habitude, elle semblait le provoquer, dévoilant en cet instant sa peau saturée d'UVs, resserrant à peine les cuisses sur son sexe, humide du bain qu'elle venait probablement de prendre. L'érection lui fit porter la main au bas- ventre tandis qu'incrédule il continuait de fixer l'ombre de ses jambes sur ses lèvres. Il fit subitement demi-tour et, dans la salle de bain, fixa son reflet dans la glace. Le désir devint douleur, l'horreur figea les veines sur son front. Elle était réveillée et le regardait d'un air amusé par dessus son épaule. Elle avait glissé la main entre le matelas et son ventre, rehaussant ses fesses. Il n'avait qu'à ...
En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il fut dehors et reçu l'averse de plein fouet. Il se traita de misérable, d'incapable, la main sur ses couilles pleines. Alors seulement il la vit sur le trottoir d'en face, tête blonde 1664, plantée, trempée. Inhérente au décor, elle lui parut aussi inaccessible que les gros nuages blancs qui déversaient sur eux leur lot de consolation. Elle lui parut aussi affaiblie que ce Paris gris souris. Pourtant, ce fut elle qui traversa la rue et ouvrit les bras quand il s'évanouit.
Et la femme restait là, son homme sur le sein, en bas de cet hôtel où leur amour n'a pas passé.

8 déc. 2008

Lorsque Mienne est Tienne


Elle papillonnait de groupe en groupe, échangeait deux ou trois mots avec l'un, riait aux éclats en compagnie de l'autre. Elle portait une petite robe noire, et sautillait vers chaque personne qu'elle reconnaissait, inconsciente de l'effet qu'elle pouvait produire sur lui, et sur d'autres d'ailleurs. A deux reprises il avait aperçu le petit bout de dentelle qui lui cachait à peine l'entre-jambes et s'était mordu la lèvre d'envie. Elle revenait régulièrement se lover sous son épaule, lui déposait un baiser sur la joue et écoutait, docile et câline, la conversation jusqu'à ce qu'un nouvel invité aguiche sa curiosité. Elle disparaissait alors au milieu des voix tonitruantes et des effluves de cigarettes. Pourquoi tant de monde ? Pourquoi tous ces hommes agglutinés autour de sa femme ? Le vin lui montait à la tête et, si elle n'était revenue à cet instant, il aurait sans doute cédé au malaise qui lui martelait les tempes et lui brouillait maintenant la vue. Oh ! Ce besoin de la presser, de l'étouffer presque, de cacher celle qui flattait son orgueil et faisait sa fierté ! Mais, devant ses yeux de chatte apeurée, il afficha un large sourire et chassa le trouble de son esprit. Pour son dernier soir, il devait être à la hauteur et ne rien négliger de ce qu'elle attendait. Mais à la réflexion, il s'en voulait d'avoir monté cette mascarade, trop lâche pour assumer un ultime tête-à-tête. Pourtant, ils avaient tous deux une préférence pour leurs soirées en solitaires.
Une petite main se glissa dans la sienne et coupa court à son raisonnement. Elle ne pouvait jamais rester loin de lui très longtemps. Sa paume était froide et ses doigts tremblèrent légèrement. Quand il l'embrassa pour éviter tout questionnement, il se demanda comment il parvenait à lui mentir avec un tel aplomb. Les rires fusèrent du balcon où étaient réunis quelques amis de longue date. A eux non plus il n'avait rien dit. Peut-être parce que seuls comptaient ces derniers instants passés ensemble. Il vida son verre d'un trait et souleva sa femme dans les airs. Son cri strident fit rire l'assemblée et elle resta accrochée à son cou, les jambes entourant sa taille, la jupe relevée sur un petit bout de fesse qu'il s'empressa de masquer. Demain, il serait temps. Cette nuit encore, il lui ferait l'amour, les invités partis, au milieu des confettis. Il enfouit son visage dans le cou parfumé et commença une valse entre grotesque et sublime, sa partenaire sur le ventre à laquelle il prêtait ses
jambes. L'air de musique étouffait sous les discussions quand il sortit de sa torpeur, scotchés qu'ils étaient l'un dans l'autre. Il lui fut désagréable de constater qu'il était tôt et que personne ne s'en irait avant deux bonnes heures. Et, comme si elle avait ressentit le même malaise ou la même difficulté à ne pas être deux, elle mêla ses doigts aux siens, mit les clefs dans la serrure, s'empara d'une part de moelleux au chocolat, et grimpa l'escalier. Maintenant qu'ils n'étaient de nouveau que deux, il prit peur qu'elle ne sonde son âme, qu'elle y trouve le drame. Le bourdonnement s'insinua dans sa tête et c'est dans une semi-conscience qu'il sentit ses lèvres sur son front moite. Sur le matelas, il sombra dans un sommeil de plomb, interdisant à la fièvre de s'installer.
Il surprit les rayons du soleil à travers ses paupières et, instinctivement, bougea les extrémités de ses membres. Cristallin, le rire de sa femme lui fit ouvrir les yeux. Malgré les cernes qui marquaient son visage, elle semblait absorbée dans la contemplation d'un nid sur la branche du voisin d'en face. A la fraîcheur qui le surprit en s'éveillant il sut qu'elle avait dormi sur lui. Dans la chambre régnait un désordre surprenant, preuve d'une lutte acharnée qu'elle avait menée, mais contre qui ? Pourtant, jusqu'aux vieux meubles, tout lui sembla plus beau que la veille, ses symptômes avaient disparu. Il entendait le piaillement des oisillons par la fenêtre ouverte et rien ni personne ne fut là pour empêcher le sourire de se dessiner sur ses lèvres. Qu'avait-elle fait qu'un médecin ne puisse entreprendre ? Alors, comme si elle lisait dans ses pensées, elle lui répondit :"Si tu me quittais, je serais tellement malheureuse que tu ne pourrais pas être heureux." Elle ne s'était pas détournée du Dehors, allongée sur le ventre, la cambrure marquée, semblant remercier la vie qui s'étalait devant elle. Cette fois, il ne tenterait rien pour cacher sa nudité.

6 déc. 2008

Hommage à Catulle


C’en est fait, elle ne résiste plus ; de ce feu qui l’envahit elle ne se défend pas, capitule. Les yeux brillants, vides d’une détresse nouvelle, ouverts sur une profondeur sans âme, elle parcourt la pièce, impénétrable, irrémissible. Les lèvres sèches, gercées aux commissures, mortes de ne pas avoir su dire non, elle frémit, balbutie un faible remerciement. Le corps meurtri, saillant, le dessin admirable d’une côte, une omoplate, l’arrondi de son ventre tendu par l’alcool, les veines qui s’agitent, s’emballent, la drogue ne passe pas. Triomphale son entrée à Paris, fatale sa survie ! Ecrasée, nue et sans force la guerrière des bas-fonds parisiens ! Elle-même actrice de ses nouvelles érotiques, elle voit son imagination s’épuiser aujourd’hui, condamnée. Le sol est recouvert de livres, de feuilles volantes. Quelques gribouillis ont même pris la liberté de s’inscrire sur le drap. Elle aura eu l’audace d’aller à leur rencontre, ces Grands de la littérature, ceux qui refusent dorénavant de publier ses textes, ces hommes forts de leur pouvoir, ruinant sa vie, grinçant devant l’érotisme à présent usé de leur auteur. A la fenêtre, elle songe, véritable bête monstrueuse, et tourne, provocante, sa croupe au regard de l’homme impassible. Pour un peu, elle lui cracherait à la figure toutes les ignominies qui la rongent : ces hommes qui possèdent, la dépendance et la soif qu’ils leur insufflent, frêles et dangereuses créatures qu’elles deviennent, incapables sans eux de procréer. Mais elle sait que la rencontre, cette fois, sera toute autre, que cette fois encore, elle signera le contrat. Pourquoi la faire attendre ? Elle a rendez-vous.

De rage, elle arrache le papier peint. Ses ongles laissent la trace de griffures, comme sur un dos, comme dans une chair. Détruite, lassée de cet homme qui l’observe sans bruit, depuis des jours, reflet de ses échecs présents, elle le substitue pour un instant à la peinture de ce mur. Imposant, immobile et sombre, lui la laisse agir à sa guise. Sans détours, il se soumet à ses caresses, à ses paumes tendues, à ses serres doigtées. La pièce est vide, froide. Seul un piano à queue semble attendre son tour sur un tapis décrépi. Et elle, nue, elle savoure chaque instant dans ce néant poussiéreux. Le dos calé dans un coin, elle agrippe les deux pans de ses bras, accroupie, le corps en croix. Subitement possédé, son corps se précipite en avant et elle inhale – une seule inspiration – la fine poudre blanche tracée à même le sol. La tête rejetée en arrière, elle entrouvre la bouche, soupire, cherche à revivre, ressentir le sujet de ses romans, leurs duels passés, leur duo fané. Diaphane, elle est sangsue, plongée dans cette folie que lui accrédite son sexe. Elle a roulé en boule, se laisse baver sur le plancher, les yeux exorbités. Lui est toujours là, mannequin de cire qui la contemple les yeux fermés, un rictus prononcé au coin des lèvres. Déjà, il a commencé sa lente décomposition. Son agonie à elle ne fait que débuter et elle s’impatiente. Qu’attend- elle ? Elle a rendez-vous.

Mâle dans sa peau, elle enfonce la dague un peu plus profondément. La pointe de la lame, les bords affûtés scient la chair fraîche, bien vivante, pénètrent délicatement chaque tissu de son corps de femme. C'est bien mieux finalement, ce filet de sang dans le creux de son ventre, bien mieux que l’amour et la chaleur d’un homme, bien mieux ce silence que leurs cris, bien mieux ce gris blafard que leurs joues rosies de s’être aimés. Comparaison faite, les larmes viennent doucement se mêler au sang qui fuit, à la vie qui s'enfuit. Le carrelage accueille la fille perdue, éperdue, le regard noir, le ventre, le sexe, les mains, rouges. A cet endroit, ils auront fait l'amour, elle aura aussi glissé à terre, prise d'un spasme trop violent, rattrapée par ses bras si puissants. Jusqu'à présent, elle n'a pas connu ce froid, poignant. C'est amusant, elle ne sent plus la lame, et, si elle réfléchit, elle n'a plus senti grand- chose depuis que son odeur est partie, depuis qu’il est sorti de sa vie, la laissant seule face à ce cadavre pourrissant, à son présent décadent. Appuyée contre le mur, agrippée au pied de la table, elle jouit une dernière fois, hurlant leur amour passé, sa carrière abîmée, la souffrance de ces nuits sans lui, accessoirement la cause de cette marque rouge sur le sol.

Le matin la prendra, lovée contre le ventre de l’homme endormi, les yeux mi-clos souriant à celle qui lui a volé cette vie, sa source de création et de raison.

Enfin, la Mort lui tend la main.

1 déc. 2008

Fissure


Impatiente ! Elle allait trop vite, agissait avec empressement, agitait avec fureur. Pourtant, comme deux fesses dans un jean, ils étaient faits pour être ensemble, accomplir de grandes choses, mener loin, très loin, le corps et les sens.
Tiraillé ! Il voulait tout, tout de suite, et ne touchait rien du tout. Pourtant, comme deux couilles dans un slip, ils étaient faits pour être ensemble, accomplir de grandes choses, mener loin, trop loin peut-être, le corps et ses sens.
Les cagibis irritaient, les doigts, nerveux, cherchaient matière à apaiser l'esprit.
Ils vécurent une nouvelle année ainsi, à s'attendre désespérément. Le frôlement suffisait maintenant à les informer d'un quelconque changement physique chez l'autre, la rondeur d'un sein plus ferme, un désir évident, une moiteur devinée. Chez elle, resserrer les cuisses en croisant les jambes jusqu'à ce que sa culotte frotte, irrite ses lèvres et endolorisse tout son sexe s'avéra très utile voire nécessaire pour palier à la folie grandissante. Chez lui ? Elle ne savait pas. Une philosophie stoïque, une autre femme, une apparence. Dominant. A lui cette fille, à lui cette chatte, à lui ce cul, et rien qu'à lui. Malheureusement, leurs
tempéraments si différents n'occultèrent pas ce même désir de l'autre. Mais s'ils s'emboîtaient à la perfection, arriveraient-ils à se dessouder ? Le moment vînt où la drôlerie du lieu, les regards blagueurs n'eurent plus d'effets qu'un léger renoncement. Et c'est trois ans après leur premier signe de tête qu'ils décidèrent de franchir la limite de non- retour.
L'appartement, impersonnel, était cependant assez grand pour qu'ils puissent se presser, s'étouffer. Et, ainsi qu'ils l'avaient prévu, chacun hurla son envie à sa manière, elle, se jetant dans ses bras, déchirant maladroitement sa chemise, lui, une main dans sa nuque, relevant sa tête, l'autre broyant son cul. Elle a pleuré, subitement, un gros sanglot pour contrer l'étouffement, pour se laisser respirer, enfin, depuis le temps. Le goût des larmes s'est mêlé à leurs baisers, a salé leurs lèvres pressées. Il l'a soulevée, portée, ne sachant plus bien comment agir devant ces yeux déterminés, désespérés, que faire de cette peau si blanche, de ce corps offert. L'empressement premier avait disparu et une sorte de pudeur inconnue venait se jouer de leur légèreté quotidienne. Ils avaient pris l'air grave de ces gens soucieux de vivre l'instant. Alors seulement, il l'embrassa et tant pis s'il devait s'attacher puisque c'était déjà fait. Il leur était maintenant impossible de se séparer, les sens depuis trois ans exacerbés, le corps par l'absence cruellement meurtri. Le sexe chaud, l'envie figurée, le lit défait. Quand il la déposa sur la chaise, elle s'avança instinctivement, prête à répéter la scène apprise, jouée, fantasmée. Sucer n'est pas tromper. Mais il s'agenouillait déjà, la reprenait nerveusement dans les bras. Il n'avait rien prévu de cette fille, s'était habitué, croyant refusé. Aujourd'hui qu'il connaissait son corps, il découvrait son humeur. Et il allait provoquer, engendrer, posséder ce tout qui lui faisait peur, ce tout qui les retenait éloignés. La tête enfouie dans le creux de son ventre, il fit descendre son string, reconnu l'odeur subtilement marquée qui ne l'avait jamais quitté. Et sans bouger, il fouilla des doigts celle qu'il avait toujours crue ouverte. Elle se cramponnait à lui, incapable de retenir le torrent de larmes qui inondait déjà son cou, qui inondait déjà son con. Elle se cambra sous la jouissance, les seins dans la lumière, la face bouleversée. Jamais il n'aurait imaginé les secousses de ce petit corps, les gémissements de cette gorge, les crispations de ce visage. Il avait peur tout d'un coup, peur que la décharge provoquée ne la tue, peur d'être enfin l'acteur d'un plaisir dont il était lui-même l'auteur. Elle éjacula sur sa main, un mélange de mouille et de pisse, pressant sa tête entre ses seins, prenant, absorbant, croyant être à présent incapable de donner. Elle se lova contre lui, écrasa ses pleurs contre son torse, colla ses lèvres à cette peau suante, salée, vivante. Il la souleva et la porta jusque dans les draps. Il l'avait fendue, il allait maintenant s'y répandre, mais ne pourrait plus jamais s'en réchapper. Il l'observa et trouva son propre reflet, sa toute puissance, leur auto-suffisance. Alors il la chevaucha pour lui échapper, pour qu'elle ne croise pas les larmes, pour que leur fièvre silencieuse perdure entre ces quatre murs.

24 nov. 2008

Archanges


Du haut de la falaise, ils contemplent la mer. La couleur c'est le gris, la chanson c'est la pluie. Mais, sous leurs K-way, ils ne craignent ni le vent, ni la chiure de mouette, et certainement pas de tomber de ce gros rocher qu'ils surplombent. Il l'a prise dans ses bras, la protégeant du froid. Ses cheveux, soleil de cette aquarelle, viennent lui cacher la vue. Et pourtant ! L'odeur des fruits, du sel, le goût des galets. Point n'est besoin d'ouvrir les yeux quand une nuque peut transporter les vacances, déplacer leur romance, de Paris à la Normandie, d'un Brandy jusqu'au lit. Les corps recroquevillés, l'un dans l'autre, les joues qui s'embrassent, ils ont pris l'air pittoresque, glissant dans le tableau, s'aventurant dans ce décor figé. Une boucle jaune, un doigt bleu, mais leur couleur c'est le gris, leur chanson c'est la pluie.

18 nov. 2008

"Amour m'a tuée"


Sally Mann

Petit corps, si léger, si fragile, si pâle. A poser sur un comptoir, à bloquer dans un recoin, à faire tomber sur une chaise. Immobile,
s'éloigne dans l'horizon, imprécis, indistinct, invisible. Métaphore, la même qui gémit dans ton lit, celle qui mouille dans un cri. Une main agrippe, un souffle appelle, une cuisse tremble, un sexe hurle ; une lente agonie.

6 nov. 2008

L'amante


Allongée à plat ventre, elle contemple leur appartement. La porte vitrée est entrouverte et laisse entrer les embruns, le rire des passants, le murmure, presque indistinct, du Bonheur. Une simple petite culotte l'habille. Ses fesses ... Elle rit, un crayon dans la bouche, des idées plein la tête. L'homme fredonne derrière le bar, occupé de la tâche masculine qu'est devenu la cuisine. Le lit est recouvert de bouquins, de feuilles volantes. Quelques gribouillis finissent sur le drap. Sa conférence est pour demain. En attendant, elle a vue sur l'Atlantique et se prend pour la voisine de Marguerite Duras. Ils ne rejoindront Paris qu'au petit matin. Elle savoure chaque minute de ce quotidien, serait tentée de l'enfermer dans une de ces boîtes à farine. Il a contourné le bar, nu comme un ver sous le tablier. Sans un regard pour elle, il pousse le bouton de la chaîne hifi et se lance dans une danse frénétique "I miss you". A elle de rire devant ce clin d'oeil au passé, à la façon dont il l'a séduite, dont il la séduit toujours. Il s'est jeté sur elle, chiffonnant toutes ses notes, espérant la faire râler. Mais elle est déjà debout, et s'élance dans la cuisine. Coquine, féline, elle l'aguiche du regard, un doigt dans la casserole, un pied sur la chaise. Ils rient, ils jouent, ils s'aiment.
De ce bonheur de chaque instant passé, ils en tirent une incroyable jubilation, celle de vivre ensemble, de désirer toujours leur quotidien à deux. Ils s'embrassent à en perdre le souffle. Elle descend, le lèche, passe son sexe sur ses lèvres, lui mouille le gland, la queue, les couilles. Elle empoigne sa bite, le branle de plus en plus vite, lubrifiant la peau de sa salive. Le repas bout dans la casserole, les coeurs s'emballent, la température augmente. Ils sont de nouveau dans le lit. Faire l'amour leur sert de nourriture. Il la prend, dans la charmante position du missionnaire, elle, toute entière offerte. Les yeux dans les yeux, ils définissent leur monde, redéfinissent leur amour, imbriqués l'un dans l'autre, ne formant qu'une seule unité, aux particules
dissemblables. Quand elle jouit, il sait qu'elle ne sera jamais qu'à lui, s'attribuant ses hurlements, la découvrant liquide contre son bas-ventre. Posséder ce petit corps, cette femme, sa femme, frêle et fragile, ressentir à chaque instant l'emprise qu'elle a sur lui. L'unique, l'amante.

4 nov. 2008

Cerisier à Chemisier


J'attends ta venue, chaque fin d'été. Te souviens tu ? Tu faisais plier mes branches, frémir mes feuilles, grossir mes fruits. Mais tu ne viens plus. Et les cerises ne rougissent plus, ni de plaisir, ni de jalousie, ni de honte. Pourtant je t'ai choyée, je t'ai prise sous mon feuillage, j'ai fait ployer sur toi les plus beaux de mes enfants. J'ai recueilli tes songes, participé à tes états de langueur quand dans un soupir tu fermais les yeux. Mon tronc a rafraîchi ton dos, relaxé ta nuque, fait face à la sueur de l'été. Mes racines, elles, ont surélevé tes jambes, calé tes fesses. Et pourtant, je n'ai pas vibré, j'ai retenu mes feuilles de se laisser aller au frémissement que provoquait ta présence. Tu as puisé ma force, embrassé mes branche, mordu dans le rouge juteux. Et la Nature Humaine trouvait son accomplissement dans ces moments de don, d'abandon candide. Mon Ingénue, l'été approchait de sa fin, j'ai pensé que tu prenais froid. Tu n'avais plus ces robes légères, tu nejetais plus tes sandales au loin dans l'herbe, je n'ai plus jamais vu ton sein quand, rêveuse, tu laissais respirer ton corps. Ce jour-là, tu portais un corset, un chemisier, des barrières infranchissables pour un arbre, aussi amoureux qu'il soit. Alors, j'ai fait tomber une de mes cerises entre les deux fruits que la terre ne m'ait jamais permis d'adorer. Toi qui avait serré mon tronc, qui venait dés l'aube te mouiller de ma rosée, toi qui suçait mes grappes, jamais tu n'es revenue. Rouge de colère, de pudeur nouvelle, tu as maudit l'insouciance de mon geste et tourné, provocante, ta croupe à ma face impassible.


Photos de David Bellemere

27 oct. 2008

A con_fesse


Chuut !
Je vois le bout de tissu noir s'abaisser sur mes paupières. Le vide se fait autour de moi. Seule sa respiration se fait entendre et un rire, bref, pressé. Je suis nue. Je sais que lui aussi. Je le sens même, quand, de sa queue, il vient me caresser les jambes. Il tourne autour de moi. Il m'observe, me détaille. J'ai envie de rire, que cherche t'il ? Une marque de pudeur peut-être, à être ainsi, devant lui. J'ai accentué la courbure de mes reins, fait saillir ma hanche et, les mains en l'air, je prend la pose. Objectif ou pas, il me voit. Il est derrière moi, tout contre moi, et j'ai froid. Un frisson m'a parcouru l'échine, j'ai son sexe contre le mien.
Chuut !
Il me prive de mes sens. Il relève mes bras vers le ciel, m'interdisant de lui toucher la nuque. En un tour de main, il a resserré les miennes et les attache avec un autre morceau de tissu. Un bas je crois ... Je ne le sens plus. Nouveau frisson. Il est devant moi, tout contre moi. Mon bassin s'incline automatiquement vers son bas ventre mais il m'enlace avec force, finit de nous rapprocher, me rendant incapable d'effectuer le moindre mouvement. Mes bras, poing liés, l'emprisonnent comme un lasso et je sens son haleine frôler ma bouche. Si j'essayais ... D'un coup, je décolle du sol, toujours pendue à son cou. Je suis dans ses bras, il est dans les miens, et je suis toujours aussi nue.
Chuut !
Je n'ai plus idée de l'endroit précis où je me trouve, je ne suis même pas sûre de reconnaître l'homme qui s'amuse à jouer les inconnus. Je suis toujours enchaînée, allongée maintenant, dans ce qui ne peut être que le lit. Privés de leurs moyens d'expression, mes sens connaissent un véritable supplice, une incroyable jouissance. Electrique, je sens chaque pore de ma peau tendre vers le corps qui m'écrase, m'oppresse. Sans nous dessouder, il me prend, lentement.
Chuut !
C'est intenable. J'ai besoin de fourrer mon nez dans son cou, j'ai besoin de le mordre, j'ai besoin de crier. Mais je sais que mon excitation vient du fait que je n'en ai pas le droit. J'ai accepté les règles du jeu. J'en suis même la maîtresse. Je voulais savoir. Ton membre gonflé, ton membre tendu, ton désir évident, raconte moi, l'érection. Un gémissement, un de plus, je ne peux plus retenir mon plaisir. Alors, enfin seulement, il m'arrache mon bandeau, m'offre son image, presse ses lèvres contre les miennes, accueille ma langue, recueille mon râle. Humide, liquide, je gémis encore, faiblement. Conquis par l'érection de mes sens, nous débandons ensemble.

18 oct. 2008

Courant d'air


Il m'arrive de penser que tu es là, d'y croire tellement fort que je sens tes bras m'enlacer, ma tête chavirer au contact de tout ce que je n'ai pas oublié. Alors la fenêtre s'ouvre sur un printemps nouveau. Les vestiges font leur entrée, les vertiges apparaissent. Mes sens ne jouent plus aucun rôle. Seules mes entrailles se tordent, rejettent cette possibilité envisagée, entraînent le courant
qui vient nouer ma gorge, qui pousse ce quelque chose au dehors ; mes larmes.

14 oct. 2008

A la pointe de Priape


Elle l'observe. Il y a dans ses yeux un Je ne sais quoi qui lui dit : "Viens. Ne me laisse pas le temps de décider."
Ils se dévorent patiemment, se frôlent, depuis des mois, des années. Aujourd'hui que rien n'a changé, elle refuse de continuer le jeu. Elle s'épuise à l'attendre, fantasme la nuit, s'agite dans son lit. Tout ceci ne tient qu'à un fil, si mince qu'il s'est tordu, déformé, à plusieurs reprises. Préliminaires mis à part, ils ne se sont confrontés qu'une fois, et c'est bien insuffisant. Elle a faim. Tout son corps hurle. Dans ce lieu de passage, elle se retient d'arracher sa chemise, de caler son sexe, fine toison provocante, contre ce jean qu'elle sent tendu à chaque fois qu'ils s'effleurent.
Ce besoin, il lui faut l'assouvir, une fois de plus, plusieurs fois encore. Elle trépigne, et se figure les milliers de possibilités qu'il existe quand on réunit deux corps comme les leurs.

Alors, comme si les mots préfiguraient les actes, elle se retrouve à claquer violemment la porte, se félicitant de posséder enfin l'objet de ses désirs, ici, entre quatre murs. La moquette râpe leurs chairs lorsqu'elle se jette sur lui, l'encerclant de ses jambes, le basculant vers l'arrière. Elle va lui épargner la lourde tâche de choisir. Doucement, elle fait de nouveau connaissance avec ce corps dont elle avait oublié les imperfections. Elle l'avait sous estimé. Sa bouche s'attarde entre les plis, dans les creux, sur chaque détail. Assez de temps s'écoule pour qu'il devienne fou, fou d'un désir ravageur. Peu lui importe l'humidité de ses baisers sur lesquels elle paraît tant se concentrer quand il sent son sexe aller et venir, de son gland, jusqu'à ses couilles. Elle, s'amuse, ondule au-dessus de lui. Elle approche son sein de sa bouche lui laissant à peine le temps d'en lécher le bout. Elle bascule son bassin, irritant son sexe de ses lèvres, de ses poils, de sa mouille. Sans la moindre pénétration, elle a coincé sa queue dans son entre jambes, là où la chaleur, l'humidité, l'oppression, ne lui permettent plus que de bander à la mesure de son envie, inassouvie. A le faire glisser contre ses muqueuses, elle-même semble perdre la raison et inonde le bas-ventre de celui qu'elle a possédé. Pris alors d'un spasme violent qui relève subitement sa verge, il s'introduit à l'intérieur de celle qu'il désirait tant, relâchant immédiatement le foutre trop longtemps prisonnier, faisant gicler son sperme contre les parois, entre les lèvres, sur le con de celle qu'il baisera, encore.

12 oct. 2008

Offerte


Les nuages. Du blanc partout. Et l'horizon en bleu. C'est là-bas qu'elle te retrouvera. Elle a déjà tout agencé. On oublie la terre, la rue, le pavé. Tu ne risques pas de l'y croiser.
Les mots n'auront alors que peu d'importance. Et puis, tu n'auras sûrement rien à dire. Tu n'auras qu'à la soulever de terre dans ce monde sans sol. Tu n'auras qu'à la laisser pleurer sur ton épaule, laisser les larmes se construire un lit dans ce monde sans rivière. Tu n'auras qu'à poser ta main sur son ventre, répandre ta chaleur et faire venir le petit être dans ce monde sans vie.

Vue plongeante


Ton cerveau a enregistré son image, ses gestes, son odeur, son goût. Ta bouche dessine encore les contours de son sexe, ta langue sculpte son gland, parfaitement. Une bouffée d'effroi, parce que c'était trop bon, trop fort, et que ... si tu ne le revivais jamais ? I l n'y aura plus de ces ébats, il faut donc que les mots fassent vivre la pensée, fassent revivre les souvenirs, pour que la jouissance, de nouveau, soit possible.
Elle s'est toujours plainte d'être frustrée quand ce manque ne faisait qu'amplifier son désir, qu'attiser son envie. C'est quand on perd les choses que l'on se rend compte de leur importance. Et c'est maintenant seulement qu'elle se souvient, qu'elle a ameuté les voisins, qu'ils ont du déménagé, qu'elle n'a jamais fait autant de bruit, qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de crier, de hurler, qu'elle s'est découvert des râles, indescriptibles, avec lui. Elle avait connu l'insolite, les plans à plusieurs, l'exhibition, mais, de toute évidence, elle n'a jamais autant pris son pied que dans ses bras. Trop pleine de plaisir, il lui aura fallu, souvent, lui échapper, essayer de trouver un refuge, pour supporter ce torrent en elle. Immanquablement, il la trouvait, la calait contre lui, et, plongeant la main dans son ventre, l'empêchait de se soustraire aux caresses, à lui, qui se voulait dominant, et n'acceptait aucun compromis.

20 sept. 2008

Lili


Femme frêle et fragile, fille de verre, brisée, aimée.
Les yeux brillants, béants, vides d'une détresse nouvelle, ouverts sur une profondeur sans âme.
Les lèvres sèches, gercées aux commissures, mortes de ne pas avoir su dire non, d'avoir trop embrassé sans jamais retrouver une peau, une odeur, un goût familier, désiré.
Le corps meurtri, saillant, le dessin admirable d'une côte, d'une omoplate, l'arrondi de son ventre tendu par l'alcool, les veines qui s'agitent, s'emballent, la drogue qui ne passe pas.
Les seins petits, appauvris, mais toujours si roses si plein de vie.
Une confiance ébranlée, un amour bafoué, une trahison en marche, la mort qui m'a pris ta vie, la vie qui continue avec ta mort.

15 sept. 2008

Réveil matinal


Plein de rêves, des tas de vérités, une tonne de projets, beaucoup de belles journées, quelques angoisses, deux vies, et une seule envie au réveil, toujours la même, celle qui met en retard, celle qui ne sert pas d'excuse, celle qui fait speeder, celle qui égaye la journée, celle qui fait désirer la prochaine, celle qui t'a empêché de fermer ton pantalon, celle qui m'a prise tous les matins et celle qui n'a maintenant plus de raisons.

13 sept. 2008

Empreinte


C’était une histoire d’infirmière, un classique, avec quatre ou cinq nanas, le même nombre de mecs. Et ça en faisait du peuple dans leur petit studio, bien qu’ils ne soient, corps et âme, que deux. Le virtuel et le réel se donnaient la réplique sans même se regarder. A comparer, elle l’avait pris en flagrant délit d’imitation, reproduisant les mouvements de langue, le va et vient des reins. Le Porno, dans son immatérialité, rendait leur étreinte plus excitante, marquait leurs caresses d'une véracité qu'Il n'aurait pu voler.
C'est dans cet univers qu'ils firent l'amour, elle, désirant ses mots, lui, cherchant ses lèvres. C'est dans cet univers qu'ils firent l'amour, pensant pouvoir remodeler la scène à l'infini, toujours plus proches l'un de l'autre, maintenant trop éloignés des séquences diffusées sur le petit écran. La voix comme le souffle des acteurs se perdait dans les enceintes quand leur dernière étreinte imprima la trace des mains sur le matelas.

Et quand la literie recueillit les deux êtres enchaînés, le générique de fin affichait les remerciements.

23 août 2008

Lave à beau


Elle y pensait depuis quelques jours, une nouvelle histoire, une nouvelle mise en scène.

Il ne lui a pas laissé le temps de faire ses preuves sur le papier.

Le lavabo marquait déjà ses cuisses. Son regard perça le reflet du miroir. Son visage se crispa, anticipation d’un plaisir nouveau. Sa queue entre les fesses, elle frottait le bord du meuble, par accoups répétés. Démonstration d’un fantasme envisagé, la scène n’en fut que plus intense, le désir redoubla. D’une pression des bras, il la retourna, l’assit sur le rebord et enfonça ses doigts dans la moiteur de ses cuisses. Le dos appuyé contre le miroir de la salle de bain, la sueur dessina son corps sur la glace. Les gouttes le long de sa nuque vinrent s’écraser et brouiller son reflet. L’homme maintenant accroupi entre ses genoux, elle prit son pied, fouillée, balafrée par une langue avide. Sa mouille glissait déjà le long des deux portes battantes au rythme de ses gémissements.
« Tu vas jouir. »
Elle l’avait déjà devancé, ne répondait plus de rien, les pieds repoussant ses épaules. Les bas déchirés jusqu’aux chevilles, elle hurla, un plaisir qu’elle ne savait dominer, une sensation qu’elle ne savait maîtriser, face à un homme qui, pour une fois, poussait lui même le radeau vers le large.

17 juil. 2008

Arnaque intimiste


Fort de son pouvoir, il la bloqua dés qu’il fut rentré. Passé le pas de la porte, le boulot fut oublié, la journée harassante estompée. La transpiration le long de l’échine devint sueur d’excitation, le mal de tête dû à la fatigue accumulée devint fièvre d’un désir impétueux.
Nina, accoudée au bar de la cuisine américaine, rencontra le papier peint, les seins écrasés contre le mur humide. Le chien, surpris par cette entrée fracassante, jappait dans le vestibule. S’il avait pu s’exprimer dans leur langage, le voisinage aurait su qu’il chipait sa culotte. Avec la condensation, le mur qui faisait face à la jeune femme devint mouille, large réceptacle de son envie démesurée. Bloquée entre les estampes japonaises et son sexe dressé, elle gémit. L’étouffement provoqua les cris, détermina d’instinct l’empoignement par sa main de son gun à lui. Elle l’enfonça elle-même dans sa chatte, indifférente à son désir, forte de son besoin animal. Son clitoris pressé contre le mur, elle eut tout le plaisir de gémir jusqu’à l’orgasme, balafrée de coups à l’intensité mouvante, lui donnant tantôt l’envie de pisser, tantôt le désir de hurler, enchaînée par des frissons insoupçonnés.
La poitrine et les lèvres gonflées à leur paroxysme, elle poussa l’extase dans un râle indéfinissable, mélange d’un cri sauvage et du désespoir féminin. Elle était déjà trop loin quand il perdit pied, éjaculat entre ses lèvres humides, sur son con liquide. Un instant, ils se retrouvèrent enchaînés, mouillés contre le mur, réceptionnant leurs souffles, étouffant leurs râles.

12 juil. 2008

Fairy tale



« Il était une fois une petite princesse. »

Comment avait-il su qu’elle n’arrivait pas à s’endormir ?
Peut-être parce que le drap avait glissé, qu’elle soupirait plus fort que de coutume, et qu’il entendait, comme un refrain habituel, ses dents mordiller ses joues.
Tournée face au mur, elle sourit.
L’histoire tombait à pic.

« Le petit amour d’un prince pas tout à fait réglo. »

Il s’était sensiblement rapproché. Ses yeux fouillaient sa nuque, elle le sentait respirer chaque pore de sa peau, à la recherche de l’inspiration pour la suite de l’histoire sûrement.

« Un amour insomniaque. »

Elle sourit de nouveau en fermant les yeux. Le conte allait devenir mime, les péripéties vivre et mourir dans leur lit. Et, son calibre entre les fesses – parce que c’est un conte moderne, il n’y a pas d’épée, lui avait-il confié - elle pu partager l’existence de cette princesse, la douceur de l’époux, la fougue de l’amant, les chevauchés à cheval, les mets à profusion, le vin coulant à flots, l’habilité des Grands de l’époque au jeu de paume.

« Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. »

La respiration se stabilisa.
Les cheveux épars, elle rêvait d’un dragon à grande langue, du chapiteau de la tour en forme de gland, et d’un amour courtois, platonique, à la manière de son siècle, c’est certain.
Le sommeil devrait attendre, il fallait qu’elle conclut :

« Il finit par la prendre une dernière fois et pénétra au cœur d’un nouveau chapitre. »

Il gagna la joute pour sa belle, fier de leurs couleurs assorties, rosi par l’effort, une princesse empalée sur sa lance.

15 juin 2008

Sans con_spiration


Sans ornements, Lili s'est fait prendre. Un soir de pluie comme dit la chanson, un soir d'envie. Les jambes écartées, l'esprit dérangé. Lili n'a pas fait l'amour depuis longtemps. Lili baise. Elle a été formée pour ça. Et elle aime ça. Lili baise. Mais Lili cogite. Lili pense à cet homme, à sa façon de la prendre toute entière quand elle ne voudrait donner que son corps. Lili sent qu'elle est amoureuse. Mais Lili ne sait rien des choses de l'amour. Et Lili erre. Entre ces hommes qu'elle satisfait, imprégnée de cet homme qui ne la rassasie jamais.

30 mai 2008

Les divagations d'une jarretière


Laissée pour compte sur une chaise, elle ouvre sur une longue série de sous vêtements, épars, qui forment une chaîne bordélique à travers la chambre. Les derniers bas achetés sont toujours dans l'emballage, la petite culotte qu'il avait déchirée leur première nuit d'amour disparaît sous le lit, et le string que son chef a reluqué toute la journée traîne en boule, à l'opposé de son soutien gorge, coincé entre la chaîne hifi et la table de chevet.
Lhasa tourne en boucle sous une lumière tamisée et vient s'immiscer dans les rêves d'une femme assoupie. Elle dort. Sur le ventre d'un homme inconnu, tout contre le pli que forment le bas ventre et la cuisse. Comme à son habitude.
Cette fois seulement, il n'est pas Lui, elle n'est pas Sienne. Et elle a provoqué le songe, très vite transformé en rêve, pour s'échapper. Dans le but unique de sentir une peau, un moyen de superposer les images. Son entre jambes à lui, sa queue à lui, qui se dresse à la seule sensation de son souffle à elle. La jarretière n'arrive toujours pas à comprendre. Une intimité superficielle, un jeu de séduction qui voit son apogée dans un échappatoire certain. Cet homme a quasiment décousu toute sa dentelle, casser l'élastique de la robe à laquelle elle était assortie. Cet homme a empoigné ses seins, broyé son cul, léché et bu à l'entrée de son con. Et rien, pourtant, ne semble la différencier de d'habitude. Imprévisible, docile, soumise, manipulatrice, petite chatte dominante et ce soir tellement simulante. On pourrait voir la jarretière sourire si l'on ne prêtait pas une entière attention à la femme. Lui, il va s'accrocher, et très vite l'ennuyer. Il ne la laissera pas s'évader longtemps, il voudra la reprendre, maintenant. Mais déjà, son odeur la dérange, et le rêve redevient songe, et le songe laisse place à une réalité languissante.
En échange de bons et loyaux services, elle peut être fière la jarretière, fière de constater encore une fois que rien ne transparaît dans l'iris de sa femme. L'homme et l'orgasme ont disparu, laissant le désir de l'autre s'y refléter. Bouche en coeur, queue en bouche, et la pince à cheveux qui vient rejoindre le bout de lingerie, juste à côté, sur le bord de fenêtre.

28 mai 2008

Androgyne féminine


- " Bouge avec plus d'assurance. Ecarte les jambes en marchant. Un peu de souplesse ! "
Et de rire à gorge déployée, la tête renversée, les larmes aux yeux.
Elle porte une de ses chemises, une de celles qu'elle met le soir pour l'exciter, quand il rentre du boulot, sans jamais rien en dessous. Avec ça, des bretelles chipées dans de vieux déguisements. Et puis son pantalon de travail, bien trop frigide à la situation, tristement noir, celui qui exècre les plis.
Un cigare au bec, du marqueur sous le nez, elle a l'air d'un homme. Ce dont elle est persuadée. Plutôt d'un bonhomme, d'un bonhomme de paille.
Pour lui, ça ressemble étrangement à une brindille qui gesticule, à la démarche incertaine, à la peau bien trop blanche, faite de porcelaine fragile, et qui manque de se casser la gueule au moindre souffle du vent. Mais irrésistiblement désirable.
On pourrait en mettre cinq comme elle dans le pantalon, et passer entièrement les mains, les bras, sous ces vêtements trop larges, qui contrastent avec sa féminité grandissante. Force est de constater que cet accoutrement la sublime.
La naissance de son cul, le contour de ses seins, tout se devine, sait engendrer le manque. Et alors que les rondeurs se détachent, que le corps se courbe sous les cabrioles enfantines, qu'il la bouffe du regard, elle se jette soudain à ses pieds et, le petit homme, aux longs cheveux blonds-blé-emmêlés, qui a joué sa scène, supplie maintenant à genoux, demande la rédemption pour avoir chiper le rôle de l'autre Sexe.
- " Suce moi. Tu dois te faire pardonner. Et je dois reprendre ma place. "

27 mai 2008

Interlude


Acte 3, scène 1, une bouche de métro, l'affluence, la pluie qui ruisselle, le grand escalier présumé glissant, facteur de risque pour une brune montée sur talons. Et un café, à 100 mètres.

- " J'étais persuadée qu'elle allait se casser la tronche. Tu m'entends ?
- Je m'imaginais ce petit cul dans un autre contexte que celui d'une flaque d'eau. Je veux te voir toi, à même la rue, dans la position qu'elle n'a pas osé prendre. Atterrie sur une marche, les jambes qui dégoulinent le long de l'escalier, peut-être une main encore sur la rambarde, le tout un peu confus, écartelé, mouillé, oui, c'est exactement ça que je vois. Viens, j'ai envie !
- Tu seras le prince charmant au crâne rasé, je serai Cendrillon avec une perruque noire, hum, pourquoi pas, un Roy Lichtenstein revu et corrigé.
- Un truc sous la pluie, haut en couleur. Regarder cette fille, avoir envie de toi. Même paradoxe.
- J'ai dix minutes avant mon prochain cours. Je paye l'addition, tu trouves l'endroit, c'est ton idée après tout.

Le rideau se ferme. La blonde retraverse la scène en courant ; elle est trempée. Et Idir en boucle sur le tourne disque de la salle des fêtes. Pourquoi cette pluie ...

24 mai 2008

Chambre à l'heure


Au bout de la rue elle l'a repéré et, immanquablement, son pas s'allonge, ses talons heurtent le sol, font écho au même boum boum qui frappe sa poitrine. Son corps se scotche immédiatement et sans surprise, ses épaules trouvent le recoin chaud sous les aisselles, ses hanches viennent emprisonner ce qu'elle sent s'échapper. Les passants déambulent, certains les percutent, mais aucun ne remarque les lèvres qui s'unissent, s'humidifient, qui réclament, la main glissée entre le ventre et la jupe, les doigts qui fouillent, triturent le bout de tissu bien trop liquide.
L'hôtel est à deux pas, elle peut l'apercevoir d'ici mais auront ils le temps ?
Son entre jambes réclame sa queue. Aux contractions qu'elle ressent, elle sait qu'elle dévore déjà ses doigts. La main dans le froque de l'autre, titubants devant le monde qui défile, ils s'entrechoquent, jamais ne s'écartent. Paranoïa due à l'excitation ou la grosse dame de l'hôtel met un temps fou pour trouver cette foutue clé ? Et ce sourire en coin ? Elle, elle est déjà au premier, un sein à l'air. Au milieu de l'escalier, la jupe relevée, une botte en moins, un pied sur la balustrade, elle patiente. Le temps de deux boum boum de plus. Il est sur elle, lui sous ses aisselles, elle est sur lui. Bref ; intense ; entre deux passages de femmes de ménage. Dans ces bras, sur sa queue, elle est sûre, elle sait. Cela aura duré l'instant d'un râle, commun, bestial, mêlés.
La chambre est à deux pas, ils n'ont pas pris le temps.

23 mai 2008

Zoom avant


A la fenêtre, le paysage n'est plus le même, tout est bien différent maintenant. Vue sur les voisins d'en face, l'Argentine en culotte qui court après son mioche. Appuyée contre le carreau froid, le regard perdu, Manon est pensive.
Que va t'elle faire du tapis égyptien ? Y aura t'il une table de chevet pour le glisser en dessous ? Vaut il mieux blinder la valise de pulls au cas z'où ou prendre les dernières fringues sexy ? Et Névrose le poisson rouge ?
Une mèche de cheveux enroulée autour du doigt, ses dents qui mordillent l'intérieur de ses joues, Manon est stressée, angoissée. Et si elle n'aimait pas le nouveau lit ? Si le matelas lui faisait mal au dos ?
Aujourd'hui qu'elle rêve de demain, Manon se demande si l'inverse n'est pas possible, ou du moins pensable.
Et si demain elle rêvait d'hier ?
La chaleur de ses années passées s'échappe avec son souffle, devient buée sur la fenêtre, carte postale jaunit d'un temps révolu.
Son prochain lit sera froid, rien n'est moins sûr, glacé de tous ces hommes qu'elle devra y introduire.

20 mai 2008

Marie, suce moi la !


La consécration de leur histoire. Imbriqués l'un dans l'autre, sa bouche dévorant son sexe, les dents prêtes à mordre dans les veines gonflées, striées bleues et rouges. Au petit matin. Apocalypse Now. Des coups d'épée, des entailles, des hurlements déchirants. Sa réalité est tout autre. Le Grand Bleu. Se laisser couler tout au fond jusqu'à ressentir sa propre folie cachée ; l'extirper.
Préambule déchu. La bite aux lèvres, les couilles trop pleines. Entre Baise et Solitude, le coeur ne balance pas. Quelques heures plus tard, goût amer, sexe endolori. Le camescope, le canard en plastique, les rires étouffés, la dentelle encore humide, jetés. Avec deux mégots de cigarette, dans la poubelle pour déchets non recyclables.

5 mai 2008

Veni, Vidi, Vici,



La paille dans la bouche, elle fixe le fond de son verre mais son reflet n'y est pas, ce qu'elle cherche non plus. Une bière, pas un saké, la femme à poil n'apparaîtra pas. Pourquoi ne pas tenter ? L'homme devant elle, le soleil dans le dos, elle fait abstraction du bruit environnant, chose plutôt difficile place d'It'. Serait-elle jalouse de cette autre blonde ? mélangez y un soupçon de suspicion, un zeste d'amertume, une grande cuillère de sarcasme, et vous obtiendrez ce charmant tableau : une jeune femme sur le point de se cacher dans une pinte de blanche par un après midi ensoleillé parce que rien ne lui fait sortir l'autre de la tête. Elle est plus belle oui, sûrement meilleure au lit aussi, et elle a séduit son homme. Pourquoi est-ce si important cette fois ? Ils avaient tout partagé, presque tout expérimenté. Pourquoi se sent-elle en danger cette fois ?

La paille dans la bouche, c'est sa queue qu'elle trouve au fond du verre. Pourquoi un tel changement ? Le désir n'a jamais été aussi fort, les ébats aussi intenses. Mais chaque effet a sa cause et, ici, il s'agit de la Blonde, rien n'est plus sûr. Le portable vibre et, dans son regard à lui, elle la voit elle. Trop tard, le mal est fait, elle va profité à sa place de son excitation. A partager, elle accepte de garder son sexe, et puis, étrangement, elle n'a pas le choix. Si chacun y trouve son compte ... Elle restera donc dans l'ombre, celle des cris, des gémissements, des rires, de la salive, et des odeurs, rien ne lui convient mieux. Elle lui laisse le podium et la gloire.

Le sourire aux lèvres, elle relève la tête et glisse son talon entre ses jambes. Le cul du verre ne dit plus rien.

Esseulée

Sally Mann


Passée la porte, on rencontre immédiatement le sable. Les pieds enfouis, Anaïs contemple l'horizon. Il était temps de partir, d'échapper à la grisaille parisienne pour se réfugier ici, chez elle. Le tissu d'organdi qui lui sert de porte frôle, sous la brise matinale, ses épaules dénudées. Il fait déjà lourd. Ses orteils jouent avec un morceau de coquillage et, les mains dans l'embrasure, elle songe. Ce-ux qu'elle a quitté, ce-ux qu'elle a perdu, elle n'y pense plus. Seules ses mèches de cheveux s'agitent au gré du vent, caressent sa peau hâlée, s'immiscent sous le blanc de sa robe. Derrière elle, un homme dort sous la moustiquaire de tulle blanche elle aussi. Le drap jusqu'aux reins, il respire fort, allongé sur le ventre. Devant le soleil qui pointe, Anaïs devient translucide, ses pores se dilatent, et des gouttes de sueur viennent perler entre ses deux petits seins. Cette poitrine d'enfant, elle la couve, la chérit, la trouve parfaitement accordée à ses jambes longues et galbées, sa taille appuyée. Plus rien ne distingue cette jeune femme d'une adulte avertie que ces tétons roses qui frémissent aux caprices du vent. L'homme a bougé et viennent se mêler à la brise d'été des effluves de sa sueur à lui, de son corps endormi, des entrelacs de la nuit passée. Le sourire aux lèvres, grossies, humides de leurs baisers, Anaïs descend la colline jusqu'à la crique. D'un mouvement, elle resserre les épaules et fait glisser la robe à ses pieds. Les souvenirs affluent au contact de l'eau. Elle s'y enfonce comme lui l'a pénétrée, fouillée. Elle se laisse envahir, encercler comme lui s'est trouvé pris au piège entre ses jambes. Le rire d'Anaïs éclate, accuse les alentours et chasse la solitude. Le chien l'a rejoint dans l'eau, l'homme s'est réveillé et a passé la porte.

3 mai 2008

Deus sex machina


Le soleil brûle encore en cette fin de journée. Ses talons heurtent les pavés du boulevard qu'elle connaît si bien, côtoie si souvent. Mais ce soir, elle ne voit plus cette allée si souvent empruntée, ne reconnaît plus les passants, les commerçants, les trottoirs, chaque dénivelé, sa vie qu'elle perd petit à petit dans ce quotidien aveuglant. Elle s'est trop penchée, a brûlé ses ailes au feu de cet homme. Ecoeurée de cet après-midi passé, du rosé qui se dilue dans ses veines, elle frémit malgré l'été installé. Partie précipitamment de la garçonnière, comme ils l'appelaient couramment entre eux, elle s'était trompée de rue, gourée d'avenue. Le café, son repère était encore loin. Sa culotte, trop fine, laissait s'échapper la trace de leurs ébats, du mal qu'elle venait de s'infliger croyant le lui infliger. Ses bas retinrent ce qui lui restait de respect d'elle-même. Elle ne s'était pas protégée. Le mal dont on la frappait, elle s'en flagellait avec le quintuple, pourquoi ? La terrasse apparaissait. Elle pourrait entamer sa réflexion, comprendre quel bien lui procurait d'écarter les cuisses, de plonger sous de nouvelles caresses, que l'on plonge en elle, que l'on plie sous elle. Elle avait perdu le fil de son histoire, le Manque l'avait empoigné de nouveau, ou le Trop peut-être, quelle importance ? Elle avait aimé, le dénouement restait le même, les années passaient. Dans la garçonnière, ce n'était pas elle, et pourtant, qui s'était emparée de son sexe dressé, gonflé, amené au bord du précipice; pas elle qui avait reçu les compliments : "Tu baises bien putain" ou "Putain", elle ne se rappelait pas. Les hommes qu'elle choisissait, il les connaissait tous. Et, sûrement, un soir d'été, comme sur ces pavés, il ne les reconnaîtra pas, perdant leur vie, sa vie, au même titre qu'elle aujourd'hui. Réflexion faite, c'était le but non ?

"Un café s'il te plaît."

1 avr. 2008

De rage ...


... elle arrache le papier peint. Ses ongles laissent la trace de griffures, comme sur un dos, comme dans une chair. Détruite, lassée de cet homme après lequel elle court, elle le substitue pour un instant à la peinture de ce mur. Imposant, immobile et sombre, lui la laisse agir à sa guise. Sans détours, il se soumet à ses caresses, à ses paumes tendues, à ses serres doigtées. La pièce est vide, froide. Seul un piano à queue semble attendre son tour sur un tapis décrépi. Et elle, nue, elle savoure chaque instant dans ce néant poussiéreux. Son cul se frotte aux résidus de papier. Le dos calé dans un coin, elle agrippe chaque pan de la chambre avec ses bras, accroupie, le corps en croix. Reviendras tu ? Les yeux dans le vague, elle se souvient ... croche, noire, pointée, ronde ... Ronde et douce et forte et goûteuse, sa queue. "Une oeuvre d'art" dit elle souvent, un cadeau, son secret, auquel elle s'agrippe, se cramponne par tous les moyens.
... elle entrouvre les lèvres, soupire, cherche à revivre, ressentir son sexe dans sa bouche, entre ses dents, liquide de sa salive et bientôt de sa semence. Elle jouera plus tard, sans doute l'Elise de Beethoven, comment en serait il autrement ? ...

31 mars 2008

Stigmates


Aimée, enchaînée, mâle dans sa peau, elle enfonce la dague un peu plus profondément chaque fois. La pointe de la lame, les bords affûtés scient la chair fraîche, bien vivante, pénètrent délicatement chaque tissu de son corps de femme. Tu te dis c'est bien mieux, ce filet de sang dans le creux de ton ventre, bien mieux que sa chaleur entre tes jambes, bien mieux que son sexe étouffant, enivrant, bien mieux que vos cris quand il se répand à l'intérieur fouillant toujours plus loin pour exciter ton plaisir. Comparaison faite, les larmes viennent doucement se mêler au sang qui fuit, à la vie qui s'enfuit. Le carrelage accueille la fille perdue, éperdue, le regard noir, le ventre, le sexe, les mains, rouges. A cet endroit, ils auront fait l'amour, elle aura aussi glissé à terre, prise d'un spasme trop violent, rattrapée par ses bras si puissants. Jusqu'à présent, elle n'a pas connu ce froid, poignant. C'est amusant, elle ne sent plus la lame, et, si elle réfléchit, elle n'a plus senti grand chose depuis que son odeur est partie, depuis qu'il est sorti de sa vie. Appuyée contre le mur, agrippée au pied de la table, elle mouille une dernière fois, hurlant leur amour passé, la souffrance de cette nuit sans lui, accessoirement la cause de cette marque rouge sur le sol.

29 mars 2008

Coma Idyllique


Quand il me prend dans ses bras, il me parle tout bas, je vois la vie en rose.
Je t'embarque prendre l'apéro.
il me dit des mots d'amour, des mots de tous les jours, et ça m'fait quelque chose.
Si elle revient demain, je plaque tout.
Il est entré dans mon cœur, une part de bonheur, dont je connais la cause.
Bizarre de dormir sans toi.
C'est lui pour moi, moi pour lui dans la vie, il me l'a dit, l'a juré pour la vie.
Tu me manques.
Et dès que je l'aperçois, alors je sens en moi mon cœur qui bat.
Je t'aime Puce.

Conjecture


Embarquée dans sa vie, elle ne sait quand le manège s'arrêtera enfin. "Maman, je veux refaire un tour, attraper le pompom". La pluie glisse sur ses joues, entraîne avec elle les larmes, seul témoin de son mal-être, de son bonheur total, insupportable. Son téléphone ne cesse de vibrer, Lui, le barman, le réceptionniste de l'hôtel, le taxi, l'ex, l'inconnu ... Et sous ce ciel qui pleure, loin devant cette vie qu'elle sait ne pouvoir assumer, son corps réclame sa moitié, laisse l'eau percer sa robe, inonder sa poitrine. L'auréole de son téton, le creux de son sexe se frayent un chemin au travers des fibres quand l'appel de l'orage lui fait lever la tête. Cheveux défaits, elle fixe cette ville déluge, déserte, décadente. Les pavés sont imparfaits, les gouttes semblent remonter, pleuvoir de la fontaine, les caniveaux s'engorgent, s'épuisent, les rares passants, transits, maudissent les quelques frêles réverbères. Le froid la saisit, devant ce café où leur amour n'a pas passé. Un dernier instant, elle passe les doigts sur ce corps, à nu sous le tissu blanc, collant, et parcourt d'un geste sa féminité fanée, usée, déraisonnablement belle. Un dernier instant, elle ne conçoit pas descendre du manège, un tour suffit pour prendre des habitudes, de mauvaises habitudes aussi. "Maman, juste une fois s'il-te-plaît, après c'est tout".

Pour les employés de la brasserie, Elle a un peu trop bu, a pris beaucoup trop froid, a passionnément aimé. Et ils n'ont pas tord.

28 mars 2008

Cap ou pas cap ?


- "Y a plusieurs choses que tu m'as jamais demandé de faire mais que j'aurais fait...
- Comme ?
- Manger des fourmis... Insulter les chômeurs qui sortent de l'ANPE... T'aimer comme un fou..."

C'est ce genre de répartie qui nous trotte dans la tête depuis la dernière salle noire, depuis le dernier film qui a réalisé plusieurs millions d'entrées ; un dialogue en tête qui ne franchit pas le péage des cordes vocales.
Et si notre histoire n'était pas un jeu d'enfants ?
Elle regarde son portable ; deux nouveaux messages :
"Tu viens ? A moins que tu ne veuilles pas" ... "Entre mes jambes".
Cap ou pas cap ?

Il y a un jeu auquel il ne faut jamais jouer, je dis bien JA-MAIS (...) C’est de se faire ensevelir dans un bloc de béton.

C'est cette mauvaise habitude qu'ils avaient pris. Comme tous ceux qui, chaque matin, laissent femme, enfants, maîtresse pour aller jouer au loto, gratter un ticket de morpion, comme n'importe qui, ils étaient devenus addicted, obnubilés l'un par l'autre, incapables de vivre leur quotidien à un.
Cap ou pas cap ?

De reprendre le jeu au lieu de vivre cette vie aux airs de tragédie. Son attitude passe aux yeux de tous pour être celle d'une gamine, elle a le sentiment d'être trop grande, de n'avoir même jamais su jouer à la marelle. Le rouge à lèvres lui donne le tein si pâle ! Elle a longtemps hésité entre une robe et le pantalon noir ; elle veut qu'on voit ses jambes, qu'il et ils les voient. Deux mois qu'elle parcourt les mêmes rues, arpente les mêmes pavés, croise des gens tellement différents, fait l'amour avec ce même homme, deux mois qu'elle revient, compressée dés que sa beauté ne lui appartient pas toute entière. Ses talons s'avancent, arrogants, le long de la rue piétonne, son sac, trop lourd, lui fait replier le bras à la manière des parisiennes chics ; elle aime se faire passer pour une autre.
-"Tu m'attendais ?"
Deux heures, deux heures pour faire de leur vie un jeu, oublier qu'ils s'aiment trop, que rien ne tiendra demain, deux heures pour rire dans ses yeux plutôt que pleurer sur ses lèvres.
Cap ou pas cap ?

24 mars 2008

Psyché

















Stéphane Czyba

Les fenêtres sont fermées. Derrière les gros rideaux rouges, l'air ne passe pas. Trois couches, elle en compte trois. De l'extérieur, on aperçoit un store de style chinois ou japonais, qui, à lui seul, bouche la vue, cache le studio au regard des passants. Un pan entier du mur accueille une armoire et sa lourde glace, qui elle-même accueille le reflet de son con, de ses fesses écartées, de ce rituel qui lui tient tant à coeur et à cul. Trois fois rien, un homme, une femme, un miroir, un trio amoureux, chacun aux antipodes, réunis dans une chambre noire, enfumée, enivrante. La dernière fois qu'il l'a regardée dans les yeux, il a pleuré. Et c'est sûrement pour cela qu'il met entre eux la masse silencieuse du meuble, qu'il relève rageusement sa tête, tire par poignets ses cheveux blonds et bouclés jusqu'à ses deux omoplates, empoigne les deux petits seins pour basculer le corps. Son champ de vision est dégagé. Elle ne peux dire si l'envie provient de sa peau à elle, chaude et humide ou de la surface lisse et froide ; l'une ne peut s'activer sans l'autre. Son phallus gonfle, prend toute l'ampleur de son désir à l'entrée de son vagin. Excité par ce reflet, excité de ce dédoublement, il l'empale sur son sexe, interposant la glace entre leurs deux regards, démultipliant peu à peu les acteurs. Elle, ne voit rien, ne veut penser qu'à ce membre qu'elle sent, chargé, contre ses muqueuses. Lui, fixe, tour à tour, cette femme enfant qu'il baise avec amour, et son corps, ou sa queue, mouvant ; le reflet d'un Narcisse dressé, fier, en fin, liquide, dont le sperme ruisselle, s'échappant de ses lèvres avides. Eros, en ce jour, est image.

22 mars 2008

Tête à queue


Ils déambulent dans la salle, se glissent entre les tables. Lumière tamisée, deux sont désignés pour allumer les bougies. Chaque client a droit à un "bonne soirée" et à un sourire en prime.

Je t'allume ?

Pas besoin du briquet, ton regard de braise m'a suffit.

Echange complice, échange intime.

J'ai envie de te manger.

Regard circulaire, personne ne semble remarquer leur jeu.


Monsieur, nous sommes dans un espace public, je ne vous ...

Suis moi, prends un jeton et suis moi, il faut que je te bouffe.

Elle se lève, féline. Les gens sirotent, grignotent. Son cul frôle chaque chaise, sa chatte s'avance crânement vers chaque table.

Pardon, excusez moi ... C'est occupé ? Vous attendez ? Allez y. Non ? A votre place j'irais. Cet homme est avec moi.

La femme regarde médusée le couple rentrer dans les WC de gauche des toilettes pour dames.

Elle est juste derrière.

Et alors ? Ca t'excite, je sais. Laisse moi rentrer mes doigts, une semaine que je ne t'ai pas sentie mouiller.

Il lui agrippe les cheveux, tire. Il la fouille. Elle gémit, crie presque ; et la femme qui attend près du lavabo est près d'appeler au secours.

Allez, dis le, je veux t'entendre.

Arrête ! Encore ! Prends moi !

Son ventre rencontre le distributeur de PQ, son cul sa tête, son cul sa queue.
Sa jupe relevée, ses collants aux genoux, elle a la bouche entrouverte, ses mains pressent les siennes, ses soupirs en redemandent.


J'entends ta gorge hurler, je sens ton sexe se contracter. Tu jouis belle puce et pute. Attends moi ... Là !

Une porte claque, la dame a du partir.

13 mars 2008

Minha Querida sur les quais


Plateau de charcuterie, et artichauts, dans le marais. Le cadre est en place et, de toute façon, elle ne se souvient pas du reste. Chute libre, zoom sur leur visage, sur leur iris, pétillant, deux bleus azur, deux bleus gris. Ils sont deux chats ce soir à se défier du regard tout en vidant leurs verres : " Happy Hours jusqu'à 21h " est écrit sur la porte entrouverte. Etrangement, les sujets de conversation se font rares. Mais aucune gêne ne se fait sentir quand tous deux n'ont pas besoin des mots pour se murmurer qu'ils se désirent, que les pailles les narguent, que les bulles les excitent, que les chiottes les inspirent. Un assemblage de couleur, un accord parfait du blanc sur blanc, blond sur blond, bleu sur bleu : B & B, " à l'hôtel ? " & B. Une lettre de trop les pousse au-delà du politiquement correct ...
_Saucisson
_Fromage
_Artichaut
_ Fraise
Sûre que les voitures du dessous sentent ton haleine, que les piétons d'à côté respirent ton odeur. Elle resterait là toute la nuit, pendue à son bras, scotchée à ses lèvres, déambulant dans Paris, non plus à la recherche d'un recoin pour se faire prendre, mais impatiente du moment où il lui agrippera de nouveau les fesses, calée entre la rambarde d'un pont et sa queue qui lui chatouille le clito. Cachés par l'obscurité, non moins contents de ne l'être qu'à moitié, il est temps pour eux de sauver les apparences, de ne rester impudique qu'au regard de quelques passants privilégiés, et de la pierre, et de la Seine, et d'eux même. Ses mains râpent sur le mur froid, humide et rugueux. Peut-être saigne t'elle ? Elle mouille, assez dilatée pour lui offrir de s'introduire avec la même violence, la même rapidité qu'avec laquelle elle s'est retrouvée plaquée contre ce Paris qui la regarde, qui les entend. A deux, trois promeneurs de profiter de cet instant succint, de cette image de deux diables, blonds comme des anges, jouissant de la vie quand tout le monde trouverait cela mal.

La clope au bec, c'est à son tour de fixer les gens ce matin, le cul sur le bord de fenêtre, une main tenant la serviette de douche. Un jour, elle le sait, elle en verra un, deux, trois, voire quatre, jouer avec les interdits, comme ils en avaient profité une nuit.