24 mars 2008

Psyché

















Stéphane Czyba

Les fenêtres sont fermées. Derrière les gros rideaux rouges, l'air ne passe pas. Trois couches, elle en compte trois. De l'extérieur, on aperçoit un store de style chinois ou japonais, qui, à lui seul, bouche la vue, cache le studio au regard des passants. Un pan entier du mur accueille une armoire et sa lourde glace, qui elle-même accueille le reflet de son con, de ses fesses écartées, de ce rituel qui lui tient tant à coeur et à cul. Trois fois rien, un homme, une femme, un miroir, un trio amoureux, chacun aux antipodes, réunis dans une chambre noire, enfumée, enivrante. La dernière fois qu'il l'a regardée dans les yeux, il a pleuré. Et c'est sûrement pour cela qu'il met entre eux la masse silencieuse du meuble, qu'il relève rageusement sa tête, tire par poignets ses cheveux blonds et bouclés jusqu'à ses deux omoplates, empoigne les deux petits seins pour basculer le corps. Son champ de vision est dégagé. Elle ne peux dire si l'envie provient de sa peau à elle, chaude et humide ou de la surface lisse et froide ; l'une ne peut s'activer sans l'autre. Son phallus gonfle, prend toute l'ampleur de son désir à l'entrée de son vagin. Excité par ce reflet, excité de ce dédoublement, il l'empale sur son sexe, interposant la glace entre leurs deux regards, démultipliant peu à peu les acteurs. Elle, ne voit rien, ne veut penser qu'à ce membre qu'elle sent, chargé, contre ses muqueuses. Lui, fixe, tour à tour, cette femme enfant qu'il baise avec amour, et son corps, ou sa queue, mouvant ; le reflet d'un Narcisse dressé, fier, en fin, liquide, dont le sperme ruisselle, s'échappant de ses lèvres avides. Eros, en ce jour, est image.

2 commentaires:

stéphane CZYBA a dit…

Je ne sais pas si je dois être irrité ou flatté (?) de l'utilisation de cette huile sur ce blog.
Quand je l'ai peinte j'avais effectivement en tête des éclairs assez proches du texte Psyché, alors pourquoi pas ?

Sans rancune. Stéphane Czyba.

Con_spiratrice a dit…

Veuillez m'excuser ... Et merci !