16 nov. 2009

L'amour alcoolisé


Lola enfonce sa tête dans l'oreiller. Jusqu'à s'étouffer. Bientôt, elle ne pourra plus se coucher sur le ventre. Ô Lola inventera des berceuses lalala. Un petit être en "o" ou en "a", comme Lola. Elle est donc féminine la grande gamine, et, face au cul de bouteille, tire grise mine. Il lui faudra ouvrir les rideaux, emprunter un berceau. Louer, acheter, chiper ? Un gamin ce n'est pas rien, surtout pour la grande gamine. "Bouuuh" diraient une mère et une grand-mère. Qui était-ce déjà ? Elle aurait voulu le présenter Lola, ce prince charmant chimérique mais elle a beau froncer les sourcils, ne voit que Gin - encore et toujours - à sa mémoire et à ses yeux. Lola laisse la porte entrouverte, elle est partie boire un chocolat, rattrapée par une vie qui exclut à présent le n'importe quoi.


Lola est maman. Et elle crâne avec son mini "a". Le berceau on lui a donné, avec un prince charmant à la clef. Elle se démène Lola et laisse la fenêtre à présent toujours ouverte. Un pâle soleil qui l'aide, à trouver des mélodies et à s'accrocher au nouveau sens de sa vie.

1 sept. 2009

Nous-même


L'appartement est vide, les mômes braillent dans la cour, ça l'a réveillée. Les jambes jettent le nez dehors et accusent aussitôt le froid. Sous ses doigts, une culotte qu'elle ne connaît pas. La copine de la veille a disparu en laissant quelques marques sur le lit. Sur la table en verre, un post-it carré, tout rose... "Alléchante". Le bout de dentelle sous le nez finit de reconstituer le puzzle de la soirée. Odeur de sexe, senteur de brune, délice de nude.
Les petits petons s'appliquent à trouver le chemin de la cafetière, nécessaire à virer Gin de la pièce et de sa tête. L'eau bout et les rondeurs de l'autre reviennent, une générosité fragile dont elle a su allègrement profiter ! De gros seins et un sexe béant d'envie sur un corps mini. A la revoir ainsi, une douleur entre les reins se réveille, un mal à la bite qu'elle n'a pas. L'autre s'est branlée ; longtemps. les doigts disparaissaient un instant pour ressortir, trempés, à sucer. Les deux clitoris gonflés d'une érection toute féminine se sont appuyés, pressés, bafoués pour apaiser un besoin carnassier. Le nez dans son café, elle laisse deviner un sourire. Matin heureux, nuit comique. Elle lui aura bouffé le cul à cette garce, ses propres bleus révèlent l'existence d'une lutte. Qui sera le Mal hein ? Le god ventousé au mur répond que la partie est gagné.

19 juin 2009

A toute vitesse


Un an déjà, le champagne et tes mains.
C'est fini, bien fini.
Un autre homme à la fenêtre, des murmures dans le bas-ventre, appels à la vie.
Recommencement.

5 juin 2009

Con_plaît


"Connard !"

Constance a compris. Si elle continue à combattre, elle est condamnée.
Comme le cône à tête de concombre, mieux vaut être concilient et consentir à la conspiration du comparse qui la contraint à concevoir. Elle est complètement consciente que son calibre converge vers les confins de son con. Malgré ses contusions, elle constate qu'elle contient son consentement, qu'elle conçoit être concupiscente, entre deux contorsions. Lui se concentre sur les contractions continuelles et, de connivence, sans contraception, ils se confondent en un concerto conchylien.
Conciliabule confortable où l'on confesse confusément que le sexe contente plus qu'il ne contraint.

26 mai 2009

Les noces funèbres


Je regarde la fenêtre. J'ai perdu le sens du dehors, le dedans m'étouffe et me contient. A l'extérieur, la pluie vient taper au carreau, m'aguiche. Mais je n'ai plus rien à offrir, j'ai détruit l'intérieur, érigé des barrières contre un monde que je ne vois plus. Toujours ce fantôme, il passe derrière moi, illumine la rue et m'enserre dans ses bras. Ce Casper ne me fait plus l'amour qu'en rêve, des orgasmes qu'il me plaît de déclencher. L'odeur masculine emplit la solitude. Un instant je nous revois et alors j'existe moi, l'âme ouverte, le corps dépendant d'un amour stimulant. La silhouette d'un homme au bout de la rue puis l'obscurité de nouveau tord mon coeur, salvatrice. Où es tu ?

5 mai 2009

Be Be Back


Dans cinq minutes cela fera un an exactement un an sans sa baise. Elle n'a jamais été gênée, leurs débats ne regardaient qu'eux, la folie se dissipait une fois repartis. Pourtant ce soir, le Bordeaux tremble. "La dame vous attend." Léger sourire, elle est en avance, il est en retard, les vieilles habitudes rassurent. Qui sera le premier à déshabiller l'autre ? Elle l'avait plaqué contre le mur, sous les arcades d'un théâtre qu'ils avaient croisé. Elle lui avait violé la bouche jusqu'au sang mais c'était lui qui l'avait surprise, une main rapidement si subtilement glissée dans la culotte. Son bonsoir elle ne l'entend pas, toute excitée qu'elle est de ces yeux trop noirs indicibles, de ce front déjà plissé d'une proche révélation, de ce smoking tendu du bas. Elle le sait, elle y a mis son pied. Le silence s'installe, le temps qu'il remarque que ses dents mordillent les lèvres, exprès. Ses seins sont plus gros, depuis le temps, et son pied plus adroit, et à la gorge, une veine bat la chamade. Ce qui reste indémodable, c'est son regard qu'elle perd volontairement dans le vague car il dit avoir envie. De leurs sentiments ils s'étaient éloignés préférant la banalité, somme toute, comme tous. Ce soir, le voilà ressuscité, lèvres vermillon dans un verre qu'elle sent de trop. La pause cigarette - il avait arrêté, il reprend - se fait à l'angle du restaurant, une main sur la nuque l'autre dans le calbute. Le gland vient frotter la cicatrice qu'il lui a gravé jadis dans le coin en haut de la cuisse gauche. De là, il trouve instinctivement le chemin de sa mouille, l'entrée de son sexe déjà coulant. "Tu m'excites". La jupe relevée dans la pénombre s'étiole et son cul rougit sur les briques. Quelques minutes et son râle fait gueuler un chien. Agression qu'elle dira, de cette sombre bête qui lui griffa le dos et les reins.

19 avr. 2009

Métamorphose


Une méduse sur le lit écoute son corps. Rien n'est moins douloureux qu'un sein en éveil. L'auréole a brunit, le téton s'excite de lui-même, sans aide. Les jambes écartées face à la baie vitrée supplient le vent d'été d'entrer. A ce point, plus besoin des mains et l'homme est parti, loin, épuisé. Les lèvres pleines du foutre de la minute passée montrent déjà une peau lubrique, une chair avide du drap qu'elles frôlent. La chatte s'étire, repousse le mur, détache son dos du matelas, cambre les fesses, à outrance. J'vole vers le ciel mais j'sais qu'la vie est belle. Frêle liquide, douce jouissance d'une frustration savamment contrôlée. Elle voudrait mordre dans son sein brûlant, boire ce clitoris exigeant. Besoin d'un sexe pour l'apaiser, non plus chercher à s'exciter. Aide-moi, aime-moi, calme-moi ! Mais l'homme est ailleurs et l'étoile de mer continue de se laisser porter par le courant d'un désir incessant.

17 avr. 2009

Français


A califourchon, tête baissée, elle observe ses hanches bouger, la déformation de son bas-ventre, le sexe former des bosses là où tout est plat, normalement. Il a agrippé ses seins à pleines mains, ne les lâchera certainement pas avant d'y imprimer ses doigts. Ses yeux sourient, la bouche se gonfle de plaisir, et ses fesses - entre bonds et ronds - s'agitent. Un véritable billard où la queue se tape la tête contre un tapis vert, soyeux.

9 avr. 2009

Gobe me


Assez rusée, plus que drôle, machiavélique... Pour faire de ma vie un jeu de carte en 3D, un château de sable aux soldats de coquillage, un collier de pâtes aussi long que le chien dans L'histoire sans fin. Le pion de verre est maître de contenance. Il lui enseigne l'art et la manière de combler un tout savamment organisé. L'engin machin s'amuse, tire la langue aux lèvres avides. L'atout féminin : gober un tube avec expérience, et petit cri si les parois sont touchées. Entre l'être X et l'objet, l'entente cordiale s'installe, sature le corps en eau qui rejette l'orgasme. Ma peau luit. Le sexe de verre aussi.

28 mars 2009

PoLiChInElLe


Le printemps ainsi : qui la tiraille, la grossit, l'indispose. Elle se croit grise à la terrasse d'un nouveau café. Son secret vaut tous les shots. Aucun pote. Le soleil chauffe, elle ferme les yeux, présente sa gorge au plus offrant. Elle reste seule, juste quelques mois, assez pour que la déraison l'arrache à cette table, assez pour comprendre qu'elle perd sa faculté de décider pour elle, à jamais.
Elle s'éteint avec cette naissance. La mort aura supplié la vie. A tort ou à raison ?

22 mars 2009

Sexe et Dires


Assise sur l'estrade, les genoux repliés sous le menton et les doigts de pied qui s'agitent dans l'air.
Elle l'écoute parler de leurs projets, du moins fait semblant. L'odeur du tabac lui chatouille les narines, elle a envie de râler.
Le petit orteil a du mal à suivre la danse des plus grands, il faudra y remédier par un entraînement dur et harassant.
L'oeil du beau parleur devient lubrique parce qu'elle, à l'instant, c'est nonchalance et désinvolte, sexe qui se voit entre les deux tibias.
Quand il parle baise, il est tout de suite très intéressant. Il y va à la Decartes, redéfinit l'orgasme et la jouissance féminine. Et les mains s'agitent dans l'air, l'oeil semble voir de quoi il cause.
Elle est recroquevillée, sur le bord du lit, et rit doucement aux phrases débiles qu'il enchaîne sans point à la ligne.
La concentration d'un philosophe, l'orgueil du mâle, la supériorité de l'espèce humaine nourrissent le flot de paroles. Nourrissent aussi ses actes.
Alors - et c'est ses moments préférés - il s'approche, répète qu'il connaît la femme, déplie ses jambes, tonne qu'il comprend le corps, bascule son bassin, assure qu'il a raison, enfourne la jeune femme grossie de tout son charisme grotesque.
L'Homme et sa Superbe toujours vainqueurs.

18 mars 2009

Victor Hugo ou Quand on ne sait pas y mettre les mots


" J’ai cueilli pour toi cette fleur dans la dune. C’est une pensée sauvage qu’a arrosée plus d’une fois l’écume de l’océan. (…) Et puis, mon ange, j’ai tracé ton nom sur le sable : (...). La vague de la haute mer l’effacera cette nuit, mais ce que rien n’effacera, c’est l’amour que (j'ai) pour toi. (...) "

" Elle me quitte. Je suis triste, triste de cette tristesse profonde que doit avoir, qu’a peut-être (qui le sait ?) le rosier au moment où la main d’un passant lui cueille sa rose. Tout à l’heure j’ai pleuré (…) ".

" J’ai lu. C’est ainsi que j’ai appris que la moitié de ma vie et de mon cœur était morte (…). O mon Dieu, que vous ai-je fait ! (…) Dieu ne veut pas qu’on ait le paradis sur la terre. Il l’a reprise. Oh ! mon pauvre ange, dire que je ne la reverrai plus ".

1 mars 2009

con_fondre


Sur le perron, elle a remonté son col et tiré sur ses manches déjà trop longues. Les jambes s'étalent sur les quelques marches, bottes, collant, short rejoignent la porte d'entrée. In your boxer and your t-shirt. De grosses larmes roulent sur ses joues et les reniflements qui s'accentuent empêchent Casse-noisette de se faire entendre de la fenêtre ouverte. A 20h, il fait nuit noire, la Vodka reflète la lumière de l'entrée, et puis c'est tout. Il ne lui en veut pas, il comprend même, les cartes lui ont dit ce matin. La Grande Faucheuse toujours s'en mêle. Le goulot au bord des lèvres, il lui faut fêter cette terrible nouvelle : la vie continue et il n'a plus besoin d'elle, pas même de sa culpabilité. La température baisse, la vue se brouille, et l'alcool s'insinue, tranquillement. Elle ne décolle pas du bitume, bientôt ne trouvera plus le chemin de la porte à laquelle elle est adossée. Se perdre dans ses lieux communs.

26 févr. 2009

Rule my world


Ce dont je me souviens le plus ?
Ses bras,
sa force,
sa faiblesse qu’il tentait de cacher pour me protéger,
sa chaleur,
notre amour si singulier,
sa façon de danser tout en faisant la grimace pour me faire rire,
l’odeur de l’AXE bleu,
le moment après le rasoir quand il me demandait s’il lui restait des cheveux sur le crâne,
notre intimité installée,
sa pudeur envolée,
nos différences qui nous faisaient apprendre l’un de l’autre tous les jours,
l’interdiction de me mêler de ce qu’il était en train de faire à manger,
ses yeux,
sa jalousie,
que je le prenne dans mes bras pour dormir,
la rose blanche pour mon anniversaire,
quand il me disait « J’ai un truc à te dire mais ça va t’énerver … Je t’aime » tout le temps,
le sentiment qu’il ne pourrait jamais jamais rien m’arriver,
et toutes ces choses qui s’estompent, que j’oublie un peu plus chaque jour à mon grand désespoir.

Femme


Tes mains sur mes hanches, le visage grave, l'envie de rire tout d'un coup devant ton air si sérieux.
Tes yeux qui déshabillent, une ballade muette sur mon corps mis à nu, rapidement.

Tu es parfaite.

Une seule fois, une seconde, une fierté.

25 févr. 2009

Dada à vau-l'eau


jamais sans bataille ni anicroche je ne sentirai que ce poids oppressant parfumée ton odeur sur l'oreiller le serrement évident de toute cette mise à l'épreuve sans heure mais à ouvrir les yeux sur le néant je ne retire que sécheresse et pauvreté la main reste vide quand l'esprit n'a pas fini de vivre à deux oh mon dieu rien de tout cela rien ne me revient un brin de folie ancienne un sens qui se souvient la vie qui interdit de s'apitoyer je dois continuer laisser le soleil perpétuer les saisons sans y déceler aucune raison un défilé de ce qui n'est plus mon envie incommensurable inassouvie pour la vie l'oublie que je souhaite et qui tarde la paresse le non vouloir les bras ballants le carpe diem qui devient loi quand la foi n'est plus la femme d'un homme d'un seul l'unique l'amante qui se cherche et se perd que tous observe qu'aucun ne peut sauver errance saugrenue aveuglement effrayant violence et insouciance d'un être de chair dégueulasse dépassée aussi perdue l'identité pour demain et après horreur gouffre asphyxie parce que non réveil volonté déchue et maîtrise envolée avec le macchabée le seul tableau disparu seul paysage évocateur pour deux à jamais rien détresse renfermée moisie putréfiée fermente et lui s'agitera peut-être espérance d'un retournement morte sans suite

24 févr. 2009

The New Fragrance


Les mains sur le lavabo, les yeux dans la glace, elle s’amuse à défier son reflet en tee-shirt/ culotte. Qui lâchera le premier ? Les pupilles dilatées à l’excès, le regard agrandi sur un mystère oublié, le silence assourdissant, le sachet qui manque tomber à l’eau… Un homme dort sur le divan déplié, on dit de lui que c’est SON homme. Et elle s’éloigne. Lui s’inquiète, l’embrasse, la caresse, de plus en plus doucement, de plus en plus furtivement, comme s’il avait peur de la blesser, de la casser, ou de pénétrer ce mystère qu’il sait ne pas être le sien. Elle reste, parce qu’elle l’aime au fond, parce qu’elle veut mourir dans les bras d’un homme. Il reste, parce qu’il l’aime, parce que la drogue la rend vulnérable et qu’il se croit fort. Elle bouge le bras et un tatouage apparaît dans le miroir, sous l’aisselle. Le dessin demande une cigarette qu’elle va chercher dans les poches de l’homme endormi. Le reflet fume maintenant, une salamandre sur le bras. Ayo et un Gin plus tard, elle suce son doigt. La main glisse le long des cuisses et l’index triture les lèvres. Son clitoris durcit et rougit sous la caresse, le reflet se cambre et gémit. Haletante, elle s’observe s’oublier. Les doigts l’ont pénétrée, l’œil hagard fixe la bouche râler. La fille se branle. Sous le néon, la peau blanchit, morbide. Les petits seins se balancent en trémolo au-dessus du lavabo, la bouche fait buée dans la glace, et le regard se perd dans son double, allongé sur le meuble. Le bras disparaît entre les jambes, le nez tombe dans la poudre, les lèvres frémissent encore. La libido s’exacerbe quand l’espoir s’anéantit. Tant bien que mal, elle part éteindre la radio. Le grincement de sa mâchoire emplit la pièce d’une musicalité sournoise. Face à l’homme étendu, elle se redresse, droite et fière, maintenant qu’elle ne peut plus ni dormir ni se taire ni pleurer. C’est le bruit du verre brisé qui le réveille, en sursaut. Elle n’aura pu garder cette position de dernière conquérante. Avachie contre le mur, la tête couchée sur l’épaule, elle fixe toujours, ailleurs, un reflet d’elle-même, inexistant. Le verre s’est logé dans la paume et le sang se mêle à l’alcool répandu. Il glisse aussi sur les lèvres, emporte la poudre qui s’agrippait aux narines.
Dans l’obscurité, le grincement de la mâchoire a repris, rassurant l’homme sous les couvertures, pour quelques instants seulement.

20 févr. 2009

19 févr. 2009

Sous les nues


Il est une heure du mat’. Le sourire aux lèvres, la boule au ventre, elle attrape les tongs et se glisse hors de la maison. La vieille Citroën saxo l’attend, la belle dort dans son lit. Toujours des clopes dans la boîte à gants. C’est la première fois qu’elle conduit pieds nus, la première fois depuis qu’elle est sur l’île qu’elle s’accorde un bain de minuit. David Bowie murmure à la radio. Elle pense à la femme qu’elle a laissée sur l’oreiller. Deux fragilités assemblées. Se battre et s’aimer. Un bras sur le rebord de la vitre ouverte, elle conduit d’une main, habituée qu’elle est devenue à ce décor de mer enragée vs ciel impassible, à cette route qui s’ouvre sur un horizon sans fin. Avec hâte et nonchalance, elle roule. Elle a oublié la métropole, l’homme, la pluie et le gris. La femme qu’elle a aimée cette nuit, elle, avait le sein rose, le ventre rond, le sexe humide, et la jouissance au bord des lèvres. L’envie de s’emparer à nouveau de ce corps remonte ses jambes nues et, la robe relevée à la taille, elle se touche, réchauffe l’intérieur de l’habitacle, oublie la fraîcheur des nuits. Elle mouille sur le plastique du siège, se rappelle la bouche de l’autre qui suce. Les seins à travers le tissu gonflent et gémissent. Elle fume, de nouveau, ses doigts respirent sa mouille à travers le tabac. La plage, l’eau, la bretelle qui lâche, et elle nue face à l’océan, court-métrage morose interrompu par le bip : « Rentre. L’immensité t’étouffe, tu respireras entre mes cuisses. Si tu fuis même la femme, il ne te restera que les chiens. Et ma chatte n’en a pas fini avec toi. »

« La mer est calme, R.A.S.. Je rentre. Baiser la femme et bercer l’enfant. J’ai vu le phallus géant, au loin, le démon m’appelle, j’ai peur des chiens. »

11 févr. 2009

D'or et d'éja


Ta chemise ouverte sur mes seins, cuillère à la bouche, café sans sucre, tu me quittes et le papyrus tire la gueule. Echange muet, il n'y a aucun amour à recevoir de moi, la plante le sait et tourne, butée, sa tête au soleil. Tu passes le pas de la porte et l'angoisse s'invite. Je veux bondir sur ta veste qui danse et je scrute le fond du bol, moi aussi butée comme l'herbe qui continue de fixer la fenêtre. L'âge d'or derrière moi sonne sur mon portable parce que mon petit cul manque. Bientôt un an qu'il n'est plus d'or. Mais pendant un an, j'ai été belle chaque matin. Les Suprêmes s'activent en cuisine, le god me snobe dans la chambre. Je ne lui ai rien dit et il est parti. Jeudi 8.00 et je voudrais une dose. Malgré ce '1 an', la seringue me revient, l'idée du champagne me donne envie d'une femme et toujours ce tapis sur lequel je rêve de me branler, d'exhiber. Le fond de ma pensée se perd dans le marc de café. Un couloir de néons à l'esprit, je le suis. L'appartement me revient, squat à trois, quatre, cinq parfois. Nuits blanches m'appelle, me hue, me sourit. La déesse des trois C sur la queue du maître des lieux, immense elle se souvient. Elle aimait son univers, les films pornos, les doubles, le regard qu'elle lui lançait Tu vois, je les suce et ils m'aiment tous, le regard qu'il lui jetait Sois à la hauteur, surprends moi. A en être satisfaits. Bientôt un an que je ne suis plus d'or. Mais pendant un an, j'ai été belle chaque matin. Dans le miroir, les cernes ont disparu, les yeux ne jouent plus, la peau même a revu le soleil. Il est parti. Sans poser de questions ni à moi ni au papyrus. Deux belles plantes que tu as protégées du froid, du désespoir et du désir de l'inconnu. Des petits dessins sur la buée que fait mon souffle sur la vitre, je repense à notre nuit. J'ai toujours le courage de t'attendre, ou la lâcheté de ne plus savoir dormir sans toi. Et toujours à moitié endormie sur le canapé quand y'a tes bras, ton torse, tes cuisses, ton envie de moi, tous d'un coup, qui perturbent mon rêve et emportent mon corps. Quand les souvenirs m'épuisent, ta présence m'est nécessaire. Nous déjeunons ensemble, qu'est-ce qu'une matinée d'absence ?

9 févr. 2009

Sans foi ni toi


Il existe une histoire, celle d'une grande dame, la plus belle que la terre eût en son sein. La grande dame savait parler avec les yeux, un regard qui avait vu le printemps éclore, l'été gronder, l'automne mûrir, l'hiver figer. Un jour, - personne ne sut jamais comment - l'éclat bleu s'est fixé, sur un point à l'horizon, loin derrière les plus inaccessibles vallons. Encore aujourd'hui, certains disent que l'âme est partie, qu'aucune sensation ne peut plus entraîner les larmes de cet être languissant, que donc les yeux s'assèchent et désespèrent. D'autres s'accordent à penser que Méduse a rendu visite à cette rivale et a fait taire le regard à jamais. Il y a des choses que l'on ne peut voir qu'à deux, et je crois, moi plutôt, que la grande dame avait un amant, mort avec la pluie, tarissant son coeur, apaisant son esprit. Je crois que, les saisons ont beau passer, la grande dame a été volée. De sa faculté à juger, elle ne garde qu'une simple nostalgie. Je vais te confier un secret. La grande dame s'est penchée sur ma couche et m'a tout dit, cette nuit, quand tu me tenais dans tes bras, pleurant comme un enfant sur mes yeux éteints.

8 févr. 2009

Petit corps revisité


L’apéro se prend vers 22h, au mieux à 21h30. Une connaissance aigue des bars parisiens est exigée. Lui. Elle. Eux la première partie de la nuit. Et puis la rue de la Lune. Les présentations sont faites. Je te ferai envier mon univers, tu n’y poseras pas le pied. The Happy Few ils étaient ; en avaient-ils seulement conscience ? La page était blanche, ses nuits regorgeaient de gens, de rires, de regards, de caresses et pourtant la page restait blanche. Elle se dit qu’elle ne peut pas, qu’elle ne peut pas poser sur papier ce qu’elle n’aurait pas besoin d’imaginer, de retravailler, ce qui sortirait de ses yeux, de sa bouche, de son sexe tel quel, ainsi qu’elle l’avait vu, qu’elle l’avait goûté, qu’elle l’avait jouit . Pour une fois, « son petit corps », elle allait le lui laisser, le lui confier, avec pour seul témoin, la lune, veillant sur cette fille pâle et fragile - à son image - cette fille dans leurs bras, qui remplit à elle seule l’appartement vide et la nuit silencieuse.

Un an plus tard. Le petit corps a gardé les séquelles et ne sent même plus le rouge du fer. Les images foisonnantes sont mortes. Ses yeux, sa bouche, son sexe, tous ont oublié. Dans le bas du dos, à la chute des reins, une marque, un croissant de lune qui se tait. Simple légende d'un tableau passé où les rires, les regards, les caresses ont fait de cette fille une muette.

5 févr. 2009

Quand Orphée s'est retourné

And the thought crosses my mind If I never wake up in the morning Would she ever doubt the way I feel About her in my heart.


C'est le froid qui l'a surprise, la lumière aussi. Elle revient d'un sommeil sans rêve, sans trêve non plus. Malgré des mois sur un matelas à même le sol et un drap rebelle qui préfère décidément la poussière, elle sourit. Ses yeux s'ouvrent sur sa nuque à lui, le seul point de repère qu'elle ait conservé. Son esprit s'est peu à peu vidé de tout le reste, elle le sait, elle sait que c'est mal, qu'un seul être n'a pas le droit de s'emparer de toutes ses cellules, grises ou pas. Pourtant, elle sourit toujours, il aura dormi ainsi, dans ses bras, lové contre la femme qu'il protège le jour, qui le berce la nuit. Elle ne bougera pas, évitant de brusquer un réveil qu'elle veut félin. Les yeux avides parcourent la peau et la bouche réclame elle aussi. Dans son dos, elle remue avec peine, le bras coincé sous le sien, et la langue trace un sillon dans le cou et les lèvres sur les vertèbres s'activent. Mais l'amour, ce matin, s'épuise et, sans le voir, elle sait que ses efforts sont vains. Relevée sur un coude, elle s'arrête sur l'immeuble d'en face, sur la pauvreté des lieux, sur leur studio 'en travaux' depuis trop longtemps déjà. Il ne s'est pas levé cette nuit pour fermer la baie vitrée et elle le sent froid. En lui mordillant l'oreille, elle tente une nouvelle fois de dégager sa main, sans succès. C'est la première fois qu'elle se réveille frigorifiée et elle a beau se coller, l'étreindre, elle n'arrive pas à se réchauffer, il n'arrive pas à la réchauffer.


Plus que son insondable sommeil, c'est sa peau qui inquiète. Alors elle revient au point de départ, à cette nuque qu'elle baise parce qu'elle n'a pas compris ou se laisse encore quelques minutes de répit. S'ensuit un concert de murmures, bredouilles et smacks. C'est quand elle retire enfin son bras qu'elle réalise son erreur. L'être qui gouverne ses cellules, couché sur le côté, n'a pas bougé, ni lui ni son bras. Et la main libérée vient machinalement se poser sur la nuque sans qu'une raison soit formulée et surtout envisagée. Un jour, elle le dira, qu'elle l'a su dés le moment où elle a ouvert les yeux, parce que l'image ne correspondait à aucune. Pour l'instant, elle a la main sur la carotide, ne sait plus si c'est pour les caresses ou pour l'autre chose. A moitié tourné vers elle, il dort paisiblement, a même sourit dans la nuit. Mais alors que le regard aurait pu se suffire de cette contemplation amoureuse, l'esprit repense au froid de la nuque. Et la tache sur le drap qui se dessine soudain accentue légèrement les battements de son coeur. Certaines cellules ont commencé à mourir à la vue du sang, d'autres se sont refermées sur elles-mêmes, beaucoup ont regardé ailleurs. Elle a fait pareil et fixe sa main sur la nuque. Jamais elle n'a arrêté le murmure de son nom qui, de plus en plus inaudible, s'estompe maintenant de lui-même. Avec le silence revenu vient la certitude d'un réveil trop longtemps attendu, d'un être trop patiemment désiré. Peut-être un peu durement, elle le retourne complètement sur le dos et la nuque disparaît sous l'oreiller. Toujours ce sourire qui dort et ce sang qui n'a pas sa place dans le lit. Et puis la main crispée qu'elle n'a pas osé prendre et les membres raidis, blanchis. Surtout le froid, les 21 grammes partis, les cellules enfuies, et la chanson qui viendra bien plus tard.


Will she know how much I loved her Did I try in every way to show her every day She's my only one And if my time on earth were through And she must face this world without me Is the love I gave her in the past Gonna be enough to last

Chanson Ronan Keating If tomorrow never comes

4 févr. 2009

J'ai eu peur, voilà tout.

28 janv. 2009

Omission


Doucement, il l'a prise dans ses bras, il l'enferme contre son corps. Il sent qu'elle a peur, il sent l'angoisse, un mal-être qu'il ne sait pas comment guérir ni même expliquer. Elle est loin et il devient jaloux de ces cauchemars qu'elle oublie au matin. Il est le seul témoin des tourments de ce petit corps et contre les révoltes de l'inconscient il ne peut rien. Sur son torse, elle pleure. Elle sait qu'elle a mal, elle ne sait pas pourquoi. Lui, il est là, tout le temps, c'est gentil mais elle est déçue, immanquablement. Elle aura rêvé d'une main sur sa nuque et d'une peau, plus chaude que celle qui la surprend au réveil et à laquelle elle ne s'habitue pas. Elle respire ce corps étranger, les bruits et les meubles ne sont pas les siens. Deux ans qu'elle est malade, deux ans qu'il l'aime, deux ans à voir qu'il la perd un peu plus chaque matin. Mais déjà les réalités affluent comme autant de vérités salvatrices.
Et l'Oublie peu à peu se fait, jusqu'à la prochaine nuit.

27 janv. 2009

Un roi sans divertissement


Cours de photographie. En noir et blanc. Il a fixé un drap sur chaque mur. La pièce est blanche, neutre, idéale pour prendre la pose. Bien sûr, elle arrive dans un shorty rouge, certes en soie, certes joli mais pas du tout dans les règles. Alors lui, en Charlot moderne, il connote un peu. La tache rouge brille et gesticule sous les flashs. Comme prévu, le noir de sa dentelle, celui de son gilet et le blanc de sa peau, celui de sa chemise s'impriment ou s'effacent sur le fond limpide. L'image est irréelle. Et ce bout de lingerie, rose dans la lumière, violet derrière l'objectif, il harangue, il saigne et mélange le tout dans une sorte d'immobilité mouvante. Elle s'est terrée dans un coin, recroquevillée de manière à ce que sexe, short et bouche ne fassent plus qu'un. Sur son trépied, l'appareil a toussé et mitraille l'amant qui rampe vers la scène du sang sur la neige.

25 janv. 2009

Etat des lieux


Quand il rentre, il se figure tout en plus chouette. Elle est là, déjà en pyjama, lui saute dans les bras et entonne le "Babyyy" d'une chanson anglaise ou américaine, méconnaissable.
Quand elle rentre, austère, sexy dans son deux-pièces cintré, elle toise la cuisine de derrière ses lunettes, lorgne la machine à laver, pose le sac Comptoir des Cotonniers et renonce. Pas avant l'homme, le Martini, la cigarette, la deuxième, le deuxième.
Il raffole de leurs habitudes, elle joue à les bousculer. Avec elle, il a forcé l'originalité. Ses tableaux s'adaptent à leur nouvelle place, un peu n'importe où. Quand il lui dit que ses toiles justifient les traces d'aquarelle et de fusain sur les murs, elle fait la moue. C'est pour l'esthétique, pour son esthétique plus particulièrement. Elle veut du vieux, de l'artiste, du désuet, du sens. Son homme, son talent et ces murs c'est sa fierté, sa carte d'identité. Elle a vu Vicky Christina Barcelona, elle a dit C'est comme chez moi. Je devais juste lui ramener le soleil dont l'absence à Paris attristait les couleurs de ma peinture soit-disant.

Quand il rentre, elle est parfois à la place de la commode elle-même à la place du canapé qui lui a été repoussé dans l'entrée. Elle lui crie Devine ! pour qu'il l'imagine et parce qu'elle trouve l'inspiration dans les tenues qu'elle porte. Souvent alors il la peint en train de peindre parce qu'elle réunit le naturel et l'innocence dévoilée qu'aucune n'a su lui suggérer. Elle a sa salopette sur les fesses, le chapeau haut de forme du jour de l'an et tout le corps - tissu compris - est recouvert de peinture jaune. Femme à demi-nue, celle de la toile elle ne l'est évidemment pas. Et pendant qu'il croque aussi rapidement qu'elle bouge, elle sort de la pièce, laisse quelques traces dorées sur son passage et revient, une chemise Prada nouée à la taille, cheveux et sexe à l'air. Elle préfère pour les ombres. La femme du tableau sera plus sombre puisque je suis toute blanche.
Quand elle rentre, il peut être n'importe où, elle le cherche. Au micro-ondes, aux WC, au salon, endormi, rarement absent. Parfois il dessine l'ennui, souvent l'attente. Parfois il paye un modèle, souvent ils font l'amour.

13 janv. 2009

Un bain, my Lord ?


Bientôt ne me restera que la certitude que je t'aime sans qu'aucun souvenir ne puisse réconforter cette idée. Il est encore temps que j'enlève ma petite culotte pour penser à toi, que je dénude tout mon moi en rêvant de toi. Un bain, my Lord ? Je fredonne, je suis trop grande pour entrer toute entière. Alors, je redresse, plie, écarte. Depuis longtemps, tu as cessé de déverser le flacon de mousse dans l'eau et, en transparence, mon corps se reflète, luisant, lubrifiant. Mes lèvres ont frémit, l'eau s'est troublée. Et mes flashs, en veux-tu ? Dans mon dos, je te sens qui me fixes, tu regardes ma main disparaître entre mes jambes, tu m'écoutes me caresser. Un autre ? Souvent, je bois la tasse à la recherche de ta queue, je joue, ma langue est celle d'une petite chatte, je me noie et tu me contemples, fumes une cigarette, guides ma tête. Encore ? A l'agonie, les seins contre le carrelage, les pieds dans l'eau, je tente de m'échapper et tes doigts ne cessent de me fouiller et je mouille dans cette piscine que je ne définis plus, le froid du mur, la chaleur dans mes jambes, la fixité de mon esprit, le mouvement de ta main, mes gémissements, mon râle, ton silence admiratif et égoïste.
Je ris, le canard s'en étonne et vient approfondir sa réflexion dans les renfoncements où je le mène. Des instantanés en perspective ...

5 janv. 2009

Indifférence


Immobile derrière le carreau, elle te regarde t'éloigner. Une femme brune dans un long manteau noir a pris la même pose qu'elle, là-bas, au coin de la rue. C'est vers elle que tu te diriges à petites foulées ; celle qui rit. C'était il y a deux ans. A la fenêtre, elle fume, et retrouve la même posture que celle prise en ces temps perdus. Elle est indéniablement la même, même sans toi. Dans son dos, elle entend l'homme claquer la porte. Lui aussi remonte la rue, se retourne, "à demain". Et il reviendra comme les autres et tant qu'il identifiera la jouissance à ce quotidien déguisé, à cette femme cuirassée qui guette quelque mystère, le nez collé contre la vitre. Tu étais parti te jeter dans la normalité avec un entrain, une ferveur telle qu'elle en est jalouse, encore aujourd'hui. Et bientôt, tous sans exception avaient remonté la rue en courant vers l'inconnue et la promesse d'un lendemain commun. Dans un rire macabre, elle se contredit. Tous étaient revenus, effrayés par les cuisses ridées de leur femme, horrifiés à l'idée de râler le même nom inlassablement, pris d'un désir de jeunesse et de soumission légère que le mariage ne savait enfanter. Tous sauf toi. Une après-midi qu'elle répondait au téléphone à l'un de ses clients, tu fis irruption dans la chambre, dépité et nu. Tu as hurlé comme une bête, t'es précipité sur elle et l'as enculée sans précédent, pleurant comme un enfant. Ce fût la première fois qu'on la blessa. Le jour suivant, elle remarquait la femme et le bruit du moteur, nerveux tous les deux. Le jour suivant, elle sut que tu l'avais aimée mais, flanqué derrière elle, tu récitais un texte d'adieux, apprit par coeur, répété des centaines de fois. La Superbe Indifférence s'immisça entre vous et elle t'en veut d'avoir usé d'un procédé aussi commun qui t'as fait oublier le chemin de ses bras.
Dos à la fenêtre, elle salue son nouveau patient et sourit à la bouteille de champagne. Il lui faut être grise ce soir. De son mégot de cigarette, elle perce le journal. Le papier noirci et le feu réduit en cendres la page des faits d'hiver sur laquelle elle a lu que tu es mort hier.