28 mars 2009

PoLiChInElLe


Le printemps ainsi : qui la tiraille, la grossit, l'indispose. Elle se croit grise à la terrasse d'un nouveau café. Son secret vaut tous les shots. Aucun pote. Le soleil chauffe, elle ferme les yeux, présente sa gorge au plus offrant. Elle reste seule, juste quelques mois, assez pour que la déraison l'arrache à cette table, assez pour comprendre qu'elle perd sa faculté de décider pour elle, à jamais.
Elle s'éteint avec cette naissance. La mort aura supplié la vie. A tort ou à raison ?

22 mars 2009

Sexe et Dires


Assise sur l'estrade, les genoux repliés sous le menton et les doigts de pied qui s'agitent dans l'air.
Elle l'écoute parler de leurs projets, du moins fait semblant. L'odeur du tabac lui chatouille les narines, elle a envie de râler.
Le petit orteil a du mal à suivre la danse des plus grands, il faudra y remédier par un entraînement dur et harassant.
L'oeil du beau parleur devient lubrique parce qu'elle, à l'instant, c'est nonchalance et désinvolte, sexe qui se voit entre les deux tibias.
Quand il parle baise, il est tout de suite très intéressant. Il y va à la Decartes, redéfinit l'orgasme et la jouissance féminine. Et les mains s'agitent dans l'air, l'oeil semble voir de quoi il cause.
Elle est recroquevillée, sur le bord du lit, et rit doucement aux phrases débiles qu'il enchaîne sans point à la ligne.
La concentration d'un philosophe, l'orgueil du mâle, la supériorité de l'espèce humaine nourrissent le flot de paroles. Nourrissent aussi ses actes.
Alors - et c'est ses moments préférés - il s'approche, répète qu'il connaît la femme, déplie ses jambes, tonne qu'il comprend le corps, bascule son bassin, assure qu'il a raison, enfourne la jeune femme grossie de tout son charisme grotesque.
L'Homme et sa Superbe toujours vainqueurs.

18 mars 2009

Victor Hugo ou Quand on ne sait pas y mettre les mots


" J’ai cueilli pour toi cette fleur dans la dune. C’est une pensée sauvage qu’a arrosée plus d’une fois l’écume de l’océan. (…) Et puis, mon ange, j’ai tracé ton nom sur le sable : (...). La vague de la haute mer l’effacera cette nuit, mais ce que rien n’effacera, c’est l’amour que (j'ai) pour toi. (...) "

" Elle me quitte. Je suis triste, triste de cette tristesse profonde que doit avoir, qu’a peut-être (qui le sait ?) le rosier au moment où la main d’un passant lui cueille sa rose. Tout à l’heure j’ai pleuré (…) ".

" J’ai lu. C’est ainsi que j’ai appris que la moitié de ma vie et de mon cœur était morte (…). O mon Dieu, que vous ai-je fait ! (…) Dieu ne veut pas qu’on ait le paradis sur la terre. Il l’a reprise. Oh ! mon pauvre ange, dire que je ne la reverrai plus ".

1 mars 2009

con_fondre


Sur le perron, elle a remonté son col et tiré sur ses manches déjà trop longues. Les jambes s'étalent sur les quelques marches, bottes, collant, short rejoignent la porte d'entrée. In your boxer and your t-shirt. De grosses larmes roulent sur ses joues et les reniflements qui s'accentuent empêchent Casse-noisette de se faire entendre de la fenêtre ouverte. A 20h, il fait nuit noire, la Vodka reflète la lumière de l'entrée, et puis c'est tout. Il ne lui en veut pas, il comprend même, les cartes lui ont dit ce matin. La Grande Faucheuse toujours s'en mêle. Le goulot au bord des lèvres, il lui faut fêter cette terrible nouvelle : la vie continue et il n'a plus besoin d'elle, pas même de sa culpabilité. La température baisse, la vue se brouille, et l'alcool s'insinue, tranquillement. Elle ne décolle pas du bitume, bientôt ne trouvera plus le chemin de la porte à laquelle elle est adossée. Se perdre dans ses lieux communs.