6 nov. 2008

L'amante


Allongée à plat ventre, elle contemple leur appartement. La porte vitrée est entrouverte et laisse entrer les embruns, le rire des passants, le murmure, presque indistinct, du Bonheur. Une simple petite culotte l'habille. Ses fesses ... Elle rit, un crayon dans la bouche, des idées plein la tête. L'homme fredonne derrière le bar, occupé de la tâche masculine qu'est devenu la cuisine. Le lit est recouvert de bouquins, de feuilles volantes. Quelques gribouillis finissent sur le drap. Sa conférence est pour demain. En attendant, elle a vue sur l'Atlantique et se prend pour la voisine de Marguerite Duras. Ils ne rejoindront Paris qu'au petit matin. Elle savoure chaque minute de ce quotidien, serait tentée de l'enfermer dans une de ces boîtes à farine. Il a contourné le bar, nu comme un ver sous le tablier. Sans un regard pour elle, il pousse le bouton de la chaîne hifi et se lance dans une danse frénétique "I miss you". A elle de rire devant ce clin d'oeil au passé, à la façon dont il l'a séduite, dont il la séduit toujours. Il s'est jeté sur elle, chiffonnant toutes ses notes, espérant la faire râler. Mais elle est déjà debout, et s'élance dans la cuisine. Coquine, féline, elle l'aguiche du regard, un doigt dans la casserole, un pied sur la chaise. Ils rient, ils jouent, ils s'aiment.
De ce bonheur de chaque instant passé, ils en tirent une incroyable jubilation, celle de vivre ensemble, de désirer toujours leur quotidien à deux. Ils s'embrassent à en perdre le souffle. Elle descend, le lèche, passe son sexe sur ses lèvres, lui mouille le gland, la queue, les couilles. Elle empoigne sa bite, le branle de plus en plus vite, lubrifiant la peau de sa salive. Le repas bout dans la casserole, les coeurs s'emballent, la température augmente. Ils sont de nouveau dans le lit. Faire l'amour leur sert de nourriture. Il la prend, dans la charmante position du missionnaire, elle, toute entière offerte. Les yeux dans les yeux, ils définissent leur monde, redéfinissent leur amour, imbriqués l'un dans l'autre, ne formant qu'une seule unité, aux particules
dissemblables. Quand elle jouit, il sait qu'elle ne sera jamais qu'à lui, s'attribuant ses hurlements, la découvrant liquide contre son bas-ventre. Posséder ce petit corps, cette femme, sa femme, frêle et fragile, ressentir à chaque instant l'emprise qu'elle a sur lui. L'unique, l'amante.

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