20 sept. 2008

Lili


Femme frêle et fragile, fille de verre, brisée, aimée.
Les yeux brillants, béants, vides d'une détresse nouvelle, ouverts sur une profondeur sans âme.
Les lèvres sèches, gercées aux commissures, mortes de ne pas avoir su dire non, d'avoir trop embrassé sans jamais retrouver une peau, une odeur, un goût familier, désiré.
Le corps meurtri, saillant, le dessin admirable d'une côte, d'une omoplate, l'arrondi de son ventre tendu par l'alcool, les veines qui s'agitent, s'emballent, la drogue qui ne passe pas.
Les seins petits, appauvris, mais toujours si roses si plein de vie.
Une confiance ébranlée, un amour bafoué, une trahison en marche, la mort qui m'a pris ta vie, la vie qui continue avec ta mort.

15 sept. 2008

Réveil matinal


Plein de rêves, des tas de vérités, une tonne de projets, beaucoup de belles journées, quelques angoisses, deux vies, et une seule envie au réveil, toujours la même, celle qui met en retard, celle qui ne sert pas d'excuse, celle qui fait speeder, celle qui égaye la journée, celle qui fait désirer la prochaine, celle qui t'a empêché de fermer ton pantalon, celle qui m'a prise tous les matins et celle qui n'a maintenant plus de raisons.

13 sept. 2008

Empreinte


C’était une histoire d’infirmière, un classique, avec quatre ou cinq nanas, le même nombre de mecs. Et ça en faisait du peuple dans leur petit studio, bien qu’ils ne soient, corps et âme, que deux. Le virtuel et le réel se donnaient la réplique sans même se regarder. A comparer, elle l’avait pris en flagrant délit d’imitation, reproduisant les mouvements de langue, le va et vient des reins. Le Porno, dans son immatérialité, rendait leur étreinte plus excitante, marquait leurs caresses d'une véracité qu'Il n'aurait pu voler.
C'est dans cet univers qu'ils firent l'amour, elle, désirant ses mots, lui, cherchant ses lèvres. C'est dans cet univers qu'ils firent l'amour, pensant pouvoir remodeler la scène à l'infini, toujours plus proches l'un de l'autre, maintenant trop éloignés des séquences diffusées sur le petit écran. La voix comme le souffle des acteurs se perdait dans les enceintes quand leur dernière étreinte imprima la trace des mains sur le matelas.

Et quand la literie recueillit les deux êtres enchaînés, le générique de fin affichait les remerciements.