1 avr. 2008

De rage ...


... elle arrache le papier peint. Ses ongles laissent la trace de griffures, comme sur un dos, comme dans une chair. Détruite, lassée de cet homme après lequel elle court, elle le substitue pour un instant à la peinture de ce mur. Imposant, immobile et sombre, lui la laisse agir à sa guise. Sans détours, il se soumet à ses caresses, à ses paumes tendues, à ses serres doigtées. La pièce est vide, froide. Seul un piano à queue semble attendre son tour sur un tapis décrépi. Et elle, nue, elle savoure chaque instant dans ce néant poussiéreux. Son cul se frotte aux résidus de papier. Le dos calé dans un coin, elle agrippe chaque pan de la chambre avec ses bras, accroupie, le corps en croix. Reviendras tu ? Les yeux dans le vague, elle se souvient ... croche, noire, pointée, ronde ... Ronde et douce et forte et goûteuse, sa queue. "Une oeuvre d'art" dit elle souvent, un cadeau, son secret, auquel elle s'agrippe, se cramponne par tous les moyens.
... elle entrouvre les lèvres, soupire, cherche à revivre, ressentir son sexe dans sa bouche, entre ses dents, liquide de sa salive et bientôt de sa semence. Elle jouera plus tard, sans doute l'Elise de Beethoven, comment en serait il autrement ? ...