31 mars 2008

Stigmates


Aimée, enchaînée, mâle dans sa peau, elle enfonce la dague un peu plus profondément chaque fois. La pointe de la lame, les bords affûtés scient la chair fraîche, bien vivante, pénètrent délicatement chaque tissu de son corps de femme. Tu te dis c'est bien mieux, ce filet de sang dans le creux de ton ventre, bien mieux que sa chaleur entre tes jambes, bien mieux que son sexe étouffant, enivrant, bien mieux que vos cris quand il se répand à l'intérieur fouillant toujours plus loin pour exciter ton plaisir. Comparaison faite, les larmes viennent doucement se mêler au sang qui fuit, à la vie qui s'enfuit. Le carrelage accueille la fille perdue, éperdue, le regard noir, le ventre, le sexe, les mains, rouges. A cet endroit, ils auront fait l'amour, elle aura aussi glissé à terre, prise d'un spasme trop violent, rattrapée par ses bras si puissants. Jusqu'à présent, elle n'a pas connu ce froid, poignant. C'est amusant, elle ne sent plus la lame, et, si elle réfléchit, elle n'a plus senti grand chose depuis que son odeur est partie, depuis qu'il est sorti de sa vie. Appuyée contre le mur, agrippée au pied de la table, elle mouille une dernière fois, hurlant leur amour passé, la souffrance de cette nuit sans lui, accessoirement la cause de cette marque rouge sur le sol.

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