28 févr. 2008

Sous la brindille


Une semaine au grand air, sans clopes, sans alcool, sans sexe ; des a priori ni plus ni moins. Loin de la ville, loin de tout ce qu'elle aime, de tout ce qu'elle déteste, elle se trouve insignifiante, crade ; bref, elle s'adore. Jouer un personnage ou être soi-même, elle n'a pas encore choisi, ne veut opter ni pour l'un ni pour l'autre. En attendant, elle se plaît à défier mère Nature, fume dans ses champs, se saoule au soleil, se masturbe en fixant les étoiles. Tu crois la calmer, l'"assagir" comme dit le Beau Monde ; tu l'excites. Etouffée, compressée, dans cet espace sans limite, c'est un corps en attente, à la sensibilité exacerbée. Ses yeux dévorent, ses mains agrippent, ses seins accusent, ses lèvres salivent. Et cette plante carnivore qu'elle est devenue ne rencontre que son propre pistile, chaud, humide, incapable d'étancher sa faim. Elle sait trop bien être homme, être femme, s'attribuant les deux rôles, gémissant sous ses doigts, suçant goulûment sa main, en pleine possession d'elle-même, ne laissant la place à quiconque. Les bienfaits de la campagne ? Une femme excitée, frustrée, encore loin des a priori (ruraux) d'un esprit reposé, vivifié ; une femme qui mouille maintenant sous la simple caresse du vent, avec le chant des cigales. Dans deux jours, elle sera à Paris ...

Bonjour !


Ce matin, je descends dans la cuisine, 8h, juste l'intention de filer aux toilettes en deux temps trois mouvements et de retrouver le douillet de ma couette pour trois bonnes heures encore. Merci aux deux ouvriers, le nez plongé dans leur tasse à café, les yeux rivés dans mon décolleté, de m'avoir aidée à accélérer le pas. Si le bout de mes tétons - eux, complètement réveillés - n'y sont pas pour grand chose, l'effet mini-culotte-transparente a du y être pour beaucoup dans l'esprit général de jovialité qui a remplit la pièce. Un grand merci à vous donc pour votre sourire "de politesse", vos yeux pétillants "de bienvenue", et votre trique "du matin" seulement bien évidemment ... Accueil très chaleureux ! Je me suis rendormie pour quatre heures.

25 févr. 2008

Petit Corps


L’apéro se prend vers 22h, au mieux à 21h30. Une connaissance aigue des bars parisiens est exigée. Lui. Elle. Eux la première partie de la nuit. Et puis la rue de la Lune. Les présentations sont faites. Je te ferai envier mon univers, tu n’y poseras pas le pied. The Happy Few ils étaient ; en avaient-ils seulement conscience ? La page était blanche, ses nuits regorgeaient de gens, de rires, de regards, de caresses et pourtant la page restait blanche. Elle se dit qu’elle ne peut pas, qu’elle ne peut pas poser sur papier ce qu’elle n’aurait pas besoin d’imaginer, de retravailler, ce qui sortirait de ses yeux, de sa bouche, de son sexe tel quel, ainsi qu’elle l’avait vu, qu’elle l’avait goûté, qu’elle l’avait jouit . Pour une fois, « son petit corps », elle allait le lui laisser, le lui confier, avec pour seul témoin, la lune, veillant sur cette fille pâle et fragile - à son image - cette fille dans leurs bras, qui remplit à elle seule l’appartement vide et la nuit silencieuse.

23 févr. 2008

Artifices

Aeric Meredith Goujon 



 

Artifices cachés sous le lit, artifices exhibés dans les toilettes. Alors il vaut mieux se rendre dans les lieux publics, propices à ce qu’elle désire, à ce qu’elle attend, à ce que son sexe demande. Parce qu’il gouverne sa vie, professionnelle et privée, c’est certain. Demain, elle aura oublié. Pour l’instant, elle erre dans ces espaces, de passage, là où elle peut se toucher, s’utiliser, en les imaginant tous, hommes et femmes, descendre, la rejoindre sans savoir qu’elle est là. Demain, les gens seront autres, elle pourra appréhender, prendre le dessus sur son corps qui, tous les soirs, la domine, la force à les dominer tous.  Mal au crâne. C’est usant de se donner, d’essayer de lui faire plaisir, de lui faire mal en se jetant dans les bras des hommes. Ses lèvres saignent. Elle voudrait un rouge vif, ce n’est qu’un mélange de mouille et de nuit. Dodo. Son entre jambes ne répond plus, se révolte contre sa tête qui en redemande, la jette au supplice. Ce soir, elle dormira. Elle saura dire non. Artifices mis à part, reportés à demain. Jambes croisées, elle fera l’amour en pensées. Des mots qui résonnent encore dans sa tête lorsqu’elle surprend son reflet dans la glace des chiottes. C’est bien elle, elle et un autre, la tête dans sa nuque, la main dans son calbute. Elle n’a pas eu à donner de réponse, pas eu à promettre, alors pourquoi ne pas suivre l’eau qui s’échappe du robinet, suivre la rivière et l’enchaînement de causalité qui rythme sa vie ? … Elle rira, au petit matin, dans une chambre inconnue, sous un Paris gris souris, les artifices au pied du lit.

22 févr. 2008

Pile et Face


« Et mon prénom, le connaissais-tu? ». La fenêtre du Chat s'ouvre, tu resurgis, laissant entrer avec toi la chaleur d'une nuit glacée, d'une nuit volée. Elle s'était enfuie, lui abandonnant une bague, quelques traces sur les draps, et son odeur, son odeur, sur l'oreiller, sur ton sexe, dans l'air étouffé, étouffant. Quelques mois plus tard, il lui parlait, pour la première fois; pour la première fois celui qui connaissait ton corps, qui t'avait vu t'oublier sous sa langue, qui t'avait prise jusqu'à ce que la douleur devienne insupportable, se trouvait derrière cette fenêtre, en position d'égal à égal, pour la première fois. Un échange dont elle se délectait.

 

« Comment je m'appelle? ». Il ne le savait plus et elle ne lui avait pas demandé. Mon corps une nuit d’hiver, mes mots une soirée d’été, jamais mon nom quel que soit la saison. « Un je-ne-sais-quoi » Il avait dit ; une incertitude qu’il a devant son langage, la même impression qu’il a eu devant son corps, devant cette fille consentante et pourtant volée, capturée un soir de pluie, repartie un matin pluvieux, toujours mystérieuse, toujours désirable, toujours celle qu’il ne reconnaissait pas.

 

« Et lui ? Tu t’en souviens ? ». On se confie à un ami, on n’oublie pas une femme dans son lit. Il avait peut-être oublié le jeu, seul le passage d’une dame « chamboule tout » lui était resté en mémoire. Il avait certainement oublié qu’ils étaient trois, oublié que ceci avait été la raison, seule et unique, de sa queue dressée, de son désir pour cette inconnue. A pile ou face, il avait gagné les deux, sa face à lui, sa pile à elle.

 

« Et son nom ? ». La question n’avait pas besoin d’être posée, puisque la réponse était connue des deux, des trois. La scène aussi était connue, mais différemment, par chacun d’eux, sous un angle différent, dans des positions différentes. Elle aurait aimé être dans chacune de ces focalisations. La sienne, elle l’avait oubliée, lui ne l’avait pas oubliée, et c’est, par la fenêtre du web, qu’il lui jetait à la face son corps, à travers les mots qu’elle avait écrits, dans lesquels elle s’était noyée, comme lors de cette nuit glacée, cette nuit volée.

 

« Toi ? ». Touché coulé, échec et mat. C’est elle, elle que tu as possédé, elle qu’il a possédée, elle qu’il t’a regardé posséder ; la même qui, aujourd’hui, écrit, écrit des textes qui te font bander, autant que son corps cette nuit d’hiver. Et ce sera tout, tout ou rien, jusqu’au prochain attouchement, jusqu’au prochain croquis, jusqu’au prochain mot, jusqu’au prochain « Nuit et Mots ».

18 févr. 2008

Larmes noires


La vapeur se répand dans la pièce, vient brouiller le miroir de la salle de bain et masquer son corps au regard des passants. Sous l'eau ruisselante, sa peau rougit, se réapproprie la chaleur de la nuit passée. Nue, abandonnée, parfaite, elle jouit du liquide qu'elle sent glisser entre ses jambes, blanchâtre, opaque, fécond, qui descend, s'échappe, mouille ses lèvres, ses poils pubiens, l'intérieur de ses cuisses, se mêlant à l'eau, bouillante, salvatrice, qui la nettoie de cette nuit d'amour pour mieux faire place à celles qui suivront. Les marques de leurs jeux s'estompent, les traits de son visage se brouillent dans la glace, comme si cette dernière voulait lui attribuer un nouveau reflet, une nouvelle virginité, une nouvelle pureté, pour le prochain ou le même; qui sait? Mais la blancheur de sa peau, sa vie qu'elle voudrait tout aussi immaculée ne l'entendent pas de cette façon, et c'est sa beauté qui s'efface peu à peu dans la buée, les larmes noires glissent le long de ses joues, disparaissent sur les commissures de sa bouche, entre les suçons de son cou. Sous ce visage voilé, noirci par les traces d'un maquillage passé, elle s'amuse à revivre chaque moment, à se rappeler son regard, appuyé, ses yeux qui détaillent son corps endormi, la sueur qui fait briller son dos, ses reins, qui s'immisce dans la raie de son cul, entre ses jambes écartées. Ouverte, rassasiée et offerte, elle l'a fait de nouveau bander, gisante, naïve, laissant, non deviner, mais Belle et bien apparaître, provocatrice, son sexe, ses lèvres gonflées de l'acte accompli, humides de mouille et de foutre. Il la prendra, de nouveau et encore, après sa clope. Elle le sent, elle le sait, et cette suite, ce prochain épisode qu'elle pressent intense, toujours plus fort, la fait s'endormir, le sourire aux lèvres, pour quelques minutes seulement.

17 févr. 2008

Pêle-mêle


Un rouge à lèvres, un porte feuille, des collants, deux trois Kundera, quelques cours quand même, en bref, impossible de mettre la main sur ton feu! Et ta clope, roulée méticuleusement, toujours aussi laide, qui attend de se faire allumer, autant que tes doigts, qui attendent d'être réchauffés... Putain de feu, introuvable, ni dans ce cabas, ni dans les poches de ta veste; de l'autre peut-être? non. Concentrée sur tes boîtes d'allumettes qui défilent, toutes vides - parce que tu as donné ton joli briquet au serveur, parce qu'il n'est pas si mal, parce que c'est un homme surtout - tu ne fais pas attention à la toux sèche, provoquée, qui t'est adressée. C'est quand tu fixes le briquet, la main, le bras que tu réalises que l'on t'observe, et ce, depuis que tu as posé le pied sur le quai "arrêt Juvisy". Un homme, de nouveau et pour changer, qui te fait prendre conscience que tu es stupide, stupide depuis tout à l'heure à te toucher de partout, et de plus en plus frénétiquement, pour trouver ce qui t'obsède. C'est donc avec un sourire où toute l'ironie du monde vient se loger qu'il te tend son feu. Et alors les mêmes pensées viennent te reprendre aux tripes. Un homme qui te permet d'allumer ta clope n'est pas forcément un homme qui t'allume. Mais ça, ça vient après, ton esprit, lui, a déjà pris son sourire, pour le poser sur tes lèvres, ton esprit entend le bruit de tes talons et demande à tes jambes d'être plus lourdes, plus entreprenantes, qu'il puisse suivre, au son, ton allure, ta direction, ton chemin. Un instant que tu as déformé, détourné, rallongé, le sourire aux lèvres, son sourire à lui que tu t'appropries, que tu savoures, que tu sais pouvoir retransmettre, plus tard, sur le papier. Et, comme toujours, tu vois au-delà. Avant même d'en avoir conscience, ton esprit se laisse prendre par ces hommes. Ton décolleté, ta nuque, la courbure de tes reins, ta taille de moineau, tout est prétexte à plaire, à attirer le regard, à attiser l'excitation. En échangeant un salut de politesse, c'est ton corps que tu remets entre les mains de ton interlocuteur. Mais souvent, il refuse l'invitation, ne la conçoit même pas. Et la frustration s'installe, tu es, sur l'échelle, au septième ciel, ton imagination fourmille et s'il t'arrive par malheur de te réveiller, il y a la tasse de café, les feuilles, la paille, le stylo, rien d'autre que l'Habitude et un homme, obnubilé par son discours, sûrement pas par tes yeux. Une nouvelle proie, un nouvel homme, toujours plus vieux, toujours plus loin de toi dans la hiérarchie sociale, toujours plus difficile à appâter, et toujours plus désirable! L'élu ne sait pas qu'il est en ligne de mire, ta conscience vient de le savoir, ton inconscient l'a toujours su.

 

15 févr. 2008

Valentine


Surprise, par celui dont tu en attendais le moins. Rapide, brutal, bestial, à l'image de ce texte, non là pour narrer des faits mais pour penser les impressions, sonder les sentiments. Trop frêle pour pouvoir te battre, trop frêle pour pouvoir résister, tu gis dans ses bras. Seuls les battements intenses de ton coeur, la circulation de ton sang, dans tes veines, de plus en plus rapide, trahissent ton excitation, ton désarmement face à cette situation, ce retournement de force pourtant connu, jamais expérimenté avec lui. Bloquée, calée, étouffée, tu sens son sexe, dur, grossi, qui se love dans la chaleur de tes fesses, qui tente de se frayer un passage à travers le short, à travers le collant, à travers la culotte. Tu gémis, cherches l'air qui se raréfie. Et, sans mot, il te met face à sa supériorité, face à toi-même, seulement capable de mouiller sous les doigts d'un homme; il arrache les tissus de pudeur pour te découvrir toi-même, entière, cambrée, le cul offert humide impatient. Brutalement, la dureté rencontre la moiteur, et son gland, et sa verge, qui forcent le passage de ton con, provoquent ce cri tant réprimé, qui témoigne de ton envie, de ton désir, de ton besoin surtout, d'être prise comme une chienne, comme ce que tu crois être. Rapide, brutal, bestial, il te prend par derrière, découvre ta croupe, fouille ton cul, frotte ses couilles contre ta peau, te transportant dans le délicieux délire de la jouissance, s'inspirant de tes cris, de tes gémissements, étouffant les siens au rythme de tes sensations. Tu sens entre tes jambes, dans ton ventre, les veines se gonfler, son sexe répandre ce liquide chaud dans l'antre qui te fait femme. Il est sur toi, la tête dans tes cheveux, les corps suintent et les âmes s'apaisent. Avant de fermer les yeux, tu as le temps, tout juste, de l'enserrer entre tes cuisses, encore un peu plus, encore un peu plus profondément. Bonne fête...

14 févr. 2008

Café frappé


Il fait beau en février, il fait particulièrement beau, un dérèglement du temps qui te met face à ton propre dérèglement, à ce sentiment une fois de plus que ton esprit s'est emparé de ta raison, la bouffe comme une tumeur qui se cale sur chaque partie de ton corps dans le but de le faire fléchir, de te faire avouer une fois de plus que tu n'es qu'une putain. Le soleil est haut dans le ciel, un soleil radieux qui t'appelle, te force à sourire de cette vie que tu sens renaître en toi. Alors tu te trouves des excuses, tu n'arrives plus à savoir si tout cela est de ta faute ou non. Ta vie ne gravite qu'autour du sexe, qu'autour de tous ces hommes dont tu voudrais être le centre, qu'autour de cette inspiration que tu sens en toi, grandissante, jamais tranquille. Ce sera lui, à ton prochain tableau de chasse, ce sera lui la cible. Ce n'est plus toi qui choisis mais une "volonté" intérieure qui te confronte à des situations, te pousse dans les bras d'hommes, de plus en plus inaccessibles, de moins en moins disponibles, et qui nourrissent cette force sexuelle que tu possèdes, et qui rongent peu à peu ta force vitale. Mais tout ceci n'est plus de l'ordre du choix, tu l'as compris et tu te laisses emporter; parce que tu n'es pas une battante et qu'il est si dur de se battre contre soi-même. Cela n'aurait pu être dans un corps vigoureux, sûr de soi, alors Ca t'est tombé dessus et tu continues à en sentir l'impact dés qu'un homme s'approche, dés qu'une nouvelle cible est désignée. Il y a des femmes à la face voilée, aujourd'hui, sur la place de la Sorbonne, des femmes qui ne font pas attention à ce soleil, à la vie qui chauffe, qui voudrait s'exprimer dans chacun de ces corps. Mais il n'y en a qu'une, en short, les seins nus, qui, elle, se voile la face en regardant ce soleil, oh combien de fois attendu, et qu'elle voudrait maintenant voir disparaître derrière les nuages; un simple ciel voilé pour éclaircir de nouveau sa vie, non un soleil provocateur qui l'éblouit, la fait vaciller, ne lui proposant que son propre reflet, net, limpide, si cruel. Alors tu te répètes le Chemin de Vie, tracé par d'autres et que tu devrais, toi, douloureusement suivre: un parcours universitaire, un boulot bien payé qui te permettrait de partir en vacances, voire même de t'acheter une maison de campagne, un mari aimant, la maison et son jardin, des gosses, un chien... Et, de nouveau, cette chose qui te reprend, te possède, là, juste à la gorge et entre les cuisses, parce que tu ne veux pas de cette vie, rêvée par d'autres. Mais tu sais que ton existence est en jeu, sur la sellette, si tu ne respectes pas les règles; que tu mourras, une nuit de jouissance, ton souffle se perdant sur une queue, sur un cul, dans une odeur suintante de mouille et de foutre. Ce jour-là, jambes écartées, tu te seras égarée - ou retrouvée - morte paradoxalement dans un instant de vie porté à son paroxysme.

10 févr. 2008

coït littéraire



Tu lâches le livre de surprise. Il vient s'abattre sur le sol, comme la tartine de confiture, les pages écrasées, étouffées contre le parquet. Et pourtant, ce n'est pas dans ton habitude de te laisser surprendre. Tu connais chaque pore de sa peau, chaque souffle de sa bouche et sa pensée qui va avec. Il est 15h00, la bibliothèque est déserte, tous s'étalent, transpirants, sur le sable, sous un soleil pressant désireux de faire tomber les maillots et de dégager les nuques rosies. Tu as cherché le frais au milieu de ces bouquins usés, vieillis, bien trop souvent possédés, forcés par ceux qui ne méritaient pas d'en tourner les pages. Alors peut-être que ce n'est pas la faute de Mendès si tu sens la goutte de sueur glisser le long de ton échine et disparaître sur le chemin de ton con, peut-être que, tout simplement, tu l'as senti, avant même de le pressentir. "Je chasse pour le plaisir de traquer ma proie, elle-même ne m'intéresse pas, puisqu'elle ne me surprend pas. J'invente moi-même le scénario pour deux". Le scripte a été modifié. Comme la brise légère qui fait s'éloigner les baigneurs de la plage et fait tourner les pages des livres laissés à l'abandon, l'air est devenu chaud et humide entre les étagères; un temps lourd qui s'immisce dans ta poitrine et te fait réprimer un gémissement. On ne lutte pas contre le temps. Avant même le premier acte, tu connais le ton. Tu as rougi, une sensation bizarre qu'il est doux de se réapproprier, tu as rougi, violée par le temps. Mais ni la bibliothécaire ni les quelques habitués filiformes ne se préoccupent de percer ce nouveau secret qui est désormais le tien. C'est ta robe, mise à mal par les caprices de la météo, qui te trahit, accueille le vent et l'intrigue de ton histoire. Et par un enchaînement dramatique, le vent accueille l'oeil, qui lui-même laisse place, poliment, à la main. Tu lâches le livre de surprise. Il vient s'abattre sur le sol, comme la tartine de confiture, les pages écrasées, étouffées contre le parquet. Si l'averse avait commencé la première, tu aurais pu prévoir. Mais c'est toi, frêle et femme sous ses doigts, qui devient pluie mouille et cris. Il est 17h00, le livre, au sol, se perd entre les volumes. Aucun vainqueur, chacun a étendu son terrain de chasse: la couverture rouge connaît la froideur du parquet grinçant; tu gis, haletante à l'étroit sur l'étagère, une jambe touchant terre, ouverte, rassasiée de cette surprise longtemps attendue jamais désirée. Goutte-à-goutte, la trace de l'homme frappe le livre, l'imprègne, et vient rehausser l'odeur de lutte et de foutre qui emplit l'atmosphère, mêlant ton histoire à celle des oeuvres classées, silencieuses et pensantes.

4 févr. 2008

l'Ephémère et l'Eternel


Endroit interdit, homme interdit, attouchements interdits, réalité que l'on se permet. Parce que deux entités sont prises aux tripes, se courbent tant la douleur au ventre est intense. Et que rien ne leur donnera de répit tant que cette étape n'aura été franchie, tant qu'ils ne seront pas arrivés au bout d'eux-mêmes, ne se seront séparés qu'avec violence, rejetant l'étreinte qui les anéantit, les vide de toute force vitale, les laissant dans la sueur et le foutre, loin l'un de l'autre, loin d'eux-mêmes. Répondant à l'appel du désir, ils l'ont supprimé, l'effacent, mettant sous scellé la chambre, le lit, sa bouche, ses bras, ses reins, son râle, ses seins, son membre tendu, ses lèvres gonflées... pour, enfin, recommencer et renaître.