26 mai 2009

Les noces funèbres


Je regarde la fenêtre. J'ai perdu le sens du dehors, le dedans m'étouffe et me contient. A l'extérieur, la pluie vient taper au carreau, m'aguiche. Mais je n'ai plus rien à offrir, j'ai détruit l'intérieur, érigé des barrières contre un monde que je ne vois plus. Toujours ce fantôme, il passe derrière moi, illumine la rue et m'enserre dans ses bras. Ce Casper ne me fait plus l'amour qu'en rêve, des orgasmes qu'il me plaît de déclencher. L'odeur masculine emplit la solitude. Un instant je nous revois et alors j'existe moi, l'âme ouverte, le corps dépendant d'un amour stimulant. La silhouette d'un homme au bout de la rue puis l'obscurité de nouveau tord mon coeur, salvatrice. Où es tu ?

5 mai 2009

Be Be Back


Dans cinq minutes cela fera un an exactement un an sans sa baise. Elle n'a jamais été gênée, leurs débats ne regardaient qu'eux, la folie se dissipait une fois repartis. Pourtant ce soir, le Bordeaux tremble. "La dame vous attend." Léger sourire, elle est en avance, il est en retard, les vieilles habitudes rassurent. Qui sera le premier à déshabiller l'autre ? Elle l'avait plaqué contre le mur, sous les arcades d'un théâtre qu'ils avaient croisé. Elle lui avait violé la bouche jusqu'au sang mais c'était lui qui l'avait surprise, une main rapidement si subtilement glissée dans la culotte. Son bonsoir elle ne l'entend pas, toute excitée qu'elle est de ces yeux trop noirs indicibles, de ce front déjà plissé d'une proche révélation, de ce smoking tendu du bas. Elle le sait, elle y a mis son pied. Le silence s'installe, le temps qu'il remarque que ses dents mordillent les lèvres, exprès. Ses seins sont plus gros, depuis le temps, et son pied plus adroit, et à la gorge, une veine bat la chamade. Ce qui reste indémodable, c'est son regard qu'elle perd volontairement dans le vague car il dit avoir envie. De leurs sentiments ils s'étaient éloignés préférant la banalité, somme toute, comme tous. Ce soir, le voilà ressuscité, lèvres vermillon dans un verre qu'elle sent de trop. La pause cigarette - il avait arrêté, il reprend - se fait à l'angle du restaurant, une main sur la nuque l'autre dans le calbute. Le gland vient frotter la cicatrice qu'il lui a gravé jadis dans le coin en haut de la cuisse gauche. De là, il trouve instinctivement le chemin de sa mouille, l'entrée de son sexe déjà coulant. "Tu m'excites". La jupe relevée dans la pénombre s'étiole et son cul rougit sur les briques. Quelques minutes et son râle fait gueuler un chien. Agression qu'elle dira, de cette sombre bête qui lui griffa le dos et les reins.