31 déc. 2010

A tous...

...une excellente nuit, alcoolisée, rythmée, sensuelle et endiablée !


Tous mes voeux de bonheur pour les jours qui suivront demain !
Que cette année soit belle !

17 déc. 2010

Charlotte


Ce n'est pas courant ce prénom pour une vieille dame. Un soupçon de charme qu'il lui reste. Son visage se fane maintenant, ses mains portent des taches de vieillesse, les veines ressortent, toujours plus foncées. Charlotte a sa vie derrière elle, en a oublié une bonne partie. Elle a bien réussi aussi. Mathilde, sa petite fille occupe son T3 parisien, elle-même est à la capitale, dans un espace un peu plus grand. Charlotte pleure tous les soirs en ce moment, sur le mystère de la vie et la peur de sa mort. Elle a le goût amer de la défaite, la rage de l'impuissance. Elle sait qu'elle n'y peut plus rien, le temps file sur elle, capture chaque seconde l'infime fraîcheur qu'elle conserve. Quatre cancers, une maladie, son entourage en est là. Alors Charlotte a provoqué son destin et rencontré Kevin. Le jeune homme a le costume complet du dandy de la fin du XVIIIème siècle. Et il la fait rire. Quelques caresses aussi parfois mais c'est tout. Charlotte sait qu'il serait écoeuré. C'est une vieille dame après tout. Elle se contente de sa douceur. Elle le voit de plus en plus souvent, refuse les visites de ses amies fanées comme elle. Ils dorment ensemble.
"- Charlotte ? J'ai une copine maintenant, et trouvé un petit boulot.
- ...
- Charlotte, je vous aime bien vous savez, mais je dois penser à ma vie aussi. Trouvez peut-être un homme de votre âge.
- Va mon petit, n'oublie pas ta veste et tes gants, et mon anniversaire aussi, si je suis toujours d'ici."

16 déc. 2010

Samuel


Samuel a vingt ans, tout juste. Il regarde les filles de loin, quand il sort de la fac parisienne. Elles ne sont jamais sur son trottoir. Samuel n'a jamais touché une fille. Il rêve souvent de la blonde et de ses boucles. Samuel sait se donner du plaisir tout seul. Ca oui, il l'a appris il y a bien longtemps maintenant, par nécessité. Pourtant, il en a une belle de queue, enfin croit-il. Plus grande, plus fière que celle de Ben, son pote de hand. La timidité de Samuel l'enferme dans une connaissance aiguë de son propre corps. Il sait que le haut de ses cuisses est l'endroit le plus sensible, que l'effleurement vaut parfois mieux que la pression. Samuel devient bourru, secrètement fou de toutes ces jolies filles. Ce soir, c'est son anniversaire. Ben doit le rejoindre au bar. A son bras, deux nanas, un peu plus dénudées que ses étudiantes à lui. Une blonde aux cheveux bouclés s'avance et fourre sa langue dans la bouche de Samuel. Il découvre l'insistance des lèvres, la douceur de l'haleine. Dans les toilettes de l'établissement, la scène continue, se déroule. Un pied sur la cuvette, la fille remonte le tissu, dévoile son sexe. Pour ne pas faire l'intrigué et se donner de la contenance, Samuel brandit sa queue. A peine enfournée, la gamine ricane, la jouissance est passée. Samuel est livide quand il remonte au bar. Ben et l'autre sont partis. La tête dans son verre, il rumine l'humiliation de l'instant. La femme n'est qu'une chimère. La masturbation a du bon.

7 déc. 2010

Manie


Manie est une petite fille. A la ferme avec ses parents. Cadre idyllique, elle peut courir dans les champs. Manie a un voisin, un peu toqué, souvent perché sur le cerisier.
C'est l'été. Manie gambade un peu partout, sans faire gaffe à sa jupe à froufrous. Le p'tit gars l'a repéré et, lui, en est resté bouche bée.

Manie est prostrée. Sur sa botte de paille, la petite fille est en larmes. De grosses perles qui coulent sans fin sur un visage muet de chagrin.
A ses pieds, une minuscule flaque, une éjaculation précoce.
A ses bras, de larges auréoles bleutées, la violence d'un gosse.

6 oct. 2010

Quant au bonobo...


"Les relations sexuelles, feintes ou réelles, sont plus souvent utilisées comme mode de résolution des conflits". Et la paix dans le monde régnera ! Dimanche matin, un café, un homme, et cet article de presse ou "Pourquoi les chefs d'états n'y ont pas pensé plus tôt ?". La dispute de la veille a laissé une odeur de renouveau. La réconciliation à force de jeux de langues a rendu les idées plus claires. Elle étire son corps contre le dossier et regarde le jour déjà bien levé. Il fait froid sur le carrelage de la cuisine. Elle ne s'attarde pas et grimpe, le cul tout chaud, sur le billot. Elle accentue les pressions de son sexe contre le bois et, d'un coup, devient humide. L'article dit vrai, ils sont si proches de nous, nous ne sommes pas plus avancés qu'eux : comme s'il avait flairé le rut, l'homme émerge dans l'encadré de la porte, lance dressée, prêt à chasser.

3 sept. 2010

Baby I'm fool


Un rêve de petite fille... C'est à moi, dans quelques secondes, de lire mes voeux. Je regarde mon homme. Je sais que ses orteils se trémoussent dans la chaussure, je sais qu'il me faudra danser tout à l'heure. Au stress de monter d'un cran. J'ai voulu qu'en ce jour, nous nous disions notre amour, devant tous ces gens, simplement. Mais là mon tract est énorme, l'acmé de ce que j'ai vécu cette dernière année.
A ma femme...à la seule...ta fragilité, ton mauvais caractère, et ton amour parfois incontrôlé...je t'aime.
Le photographe gesticule, les roses au pied des bancs doucement frissonnent. Et les cloches résonnent.

A mon homme, mon héros.

2 août 2010

L’ascenseur


Une maison à deux étages. Une vie sur trois niveaux.
Au rez-de-chaussée, un homme fait semblant de dormir, inconfortablement installé le cul entre deux chaises. Il ronfle sans rêver. Il ronfle en pensant consciencieusement. La nuit est là mais ne l’emporte pas. Le sillon du réverbère trace son chemin jusqu’à lui sans sembler le déranger.
Au premier, une jeune femme rumine une année de gâchis. Etalée dans le lit conjugal, elle possède l’espace pour signifier qu’elle n’a que faire de tout ce cinéma. C’est faux évidemment. Elle ouvre régulièrement un œil et compte les néons des voitures qui passent au-dehors. Elle soupire plus souvent encore, fâchée d’entendre le rez-de-chaussée si animé.
Au dernier, la dernière. Un petit bout pas plus grand qu’une cuisse qu’aiment les deux autres niveaux. Elle seule dort en cette heure avancée. Elle seule sera victime de l’indifférence qui règne.
Les deux adultes ont alors un esprit gamin. Chacun passe subitement du premier au deuxième, du deuxième au premier, parfois au rez-de-chaussée. C’est nul.
Hier, ils ont fait l’amour trois fois. Ce soir, aucune. Ils n’ont pas fini de gueuler leur différence et ceci empêche le sommeil de s’installer. A 1h30, enfin, elle écrit sa vie, lui respire plus bruyamment qu’au début. La nuit les emportera tard, épuisés, torturés.

Et le combat silencieux reprendra demain dans les larmes et les cris.