19 févr. 2009

Sous les nues


Il est une heure du mat’. Le sourire aux lèvres, la boule au ventre, elle attrape les tongs et se glisse hors de la maison. La vieille Citroën saxo l’attend, la belle dort dans son lit. Toujours des clopes dans la boîte à gants. C’est la première fois qu’elle conduit pieds nus, la première fois depuis qu’elle est sur l’île qu’elle s’accorde un bain de minuit. David Bowie murmure à la radio. Elle pense à la femme qu’elle a laissée sur l’oreiller. Deux fragilités assemblées. Se battre et s’aimer. Un bras sur le rebord de la vitre ouverte, elle conduit d’une main, habituée qu’elle est devenue à ce décor de mer enragée vs ciel impassible, à cette route qui s’ouvre sur un horizon sans fin. Avec hâte et nonchalance, elle roule. Elle a oublié la métropole, l’homme, la pluie et le gris. La femme qu’elle a aimée cette nuit, elle, avait le sein rose, le ventre rond, le sexe humide, et la jouissance au bord des lèvres. L’envie de s’emparer à nouveau de ce corps remonte ses jambes nues et, la robe relevée à la taille, elle se touche, réchauffe l’intérieur de l’habitacle, oublie la fraîcheur des nuits. Elle mouille sur le plastique du siège, se rappelle la bouche de l’autre qui suce. Les seins à travers le tissu gonflent et gémissent. Elle fume, de nouveau, ses doigts respirent sa mouille à travers le tabac. La plage, l’eau, la bretelle qui lâche, et elle nue face à l’océan, court-métrage morose interrompu par le bip : « Rentre. L’immensité t’étouffe, tu respireras entre mes cuisses. Si tu fuis même la femme, il ne te restera que les chiens. Et ma chatte n’en a pas fini avec toi. »

« La mer est calme, R.A.S.. Je rentre. Baiser la femme et bercer l’enfant. J’ai vu le phallus géant, au loin, le démon m’appelle, j’ai peur des chiens. »

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai beaucoup aimé ce texte!!!