8 févr. 2009

Petit corps revisité


L’apéro se prend vers 22h, au mieux à 21h30. Une connaissance aigue des bars parisiens est exigée. Lui. Elle. Eux la première partie de la nuit. Et puis la rue de la Lune. Les présentations sont faites. Je te ferai envier mon univers, tu n’y poseras pas le pied. The Happy Few ils étaient ; en avaient-ils seulement conscience ? La page était blanche, ses nuits regorgeaient de gens, de rires, de regards, de caresses et pourtant la page restait blanche. Elle se dit qu’elle ne peut pas, qu’elle ne peut pas poser sur papier ce qu’elle n’aurait pas besoin d’imaginer, de retravailler, ce qui sortirait de ses yeux, de sa bouche, de son sexe tel quel, ainsi qu’elle l’avait vu, qu’elle l’avait goûté, qu’elle l’avait jouit . Pour une fois, « son petit corps », elle allait le lui laisser, le lui confier, avec pour seul témoin, la lune, veillant sur cette fille pâle et fragile - à son image - cette fille dans leurs bras, qui remplit à elle seule l’appartement vide et la nuit silencieuse.

Un an plus tard. Le petit corps a gardé les séquelles et ne sent même plus le rouge du fer. Les images foisonnantes sont mortes. Ses yeux, sa bouche, son sexe, tous ont oublié. Dans le bas du dos, à la chute des reins, une marque, un croissant de lune qui se tait. Simple légende d'un tableau passé où les rires, les regards, les caresses ont fait de cette fille une muette.

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