22 mars 2009

Sexe et Dires


Assise sur l'estrade, les genoux repliés sous le menton et les doigts de pied qui s'agitent dans l'air.
Elle l'écoute parler de leurs projets, du moins fait semblant. L'odeur du tabac lui chatouille les narines, elle a envie de râler.
Le petit orteil a du mal à suivre la danse des plus grands, il faudra y remédier par un entraînement dur et harassant.
L'oeil du beau parleur devient lubrique parce qu'elle, à l'instant, c'est nonchalance et désinvolte, sexe qui se voit entre les deux tibias.
Quand il parle baise, il est tout de suite très intéressant. Il y va à la Decartes, redéfinit l'orgasme et la jouissance féminine. Et les mains s'agitent dans l'air, l'oeil semble voir de quoi il cause.
Elle est recroquevillée, sur le bord du lit, et rit doucement aux phrases débiles qu'il enchaîne sans point à la ligne.
La concentration d'un philosophe, l'orgueil du mâle, la supériorité de l'espèce humaine nourrissent le flot de paroles. Nourrissent aussi ses actes.
Alors - et c'est ses moments préférés - il s'approche, répète qu'il connaît la femme, déplie ses jambes, tonne qu'il comprend le corps, bascule son bassin, assure qu'il a raison, enfourne la jeune femme grossie de tout son charisme grotesque.
L'Homme et sa Superbe toujours vainqueurs.

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