18 févr. 2008

Larmes noires


La vapeur se répand dans la pièce, vient brouiller le miroir de la salle de bain et masquer son corps au regard des passants. Sous l'eau ruisselante, sa peau rougit, se réapproprie la chaleur de la nuit passée. Nue, abandonnée, parfaite, elle jouit du liquide qu'elle sent glisser entre ses jambes, blanchâtre, opaque, fécond, qui descend, s'échappe, mouille ses lèvres, ses poils pubiens, l'intérieur de ses cuisses, se mêlant à l'eau, bouillante, salvatrice, qui la nettoie de cette nuit d'amour pour mieux faire place à celles qui suivront. Les marques de leurs jeux s'estompent, les traits de son visage se brouillent dans la glace, comme si cette dernière voulait lui attribuer un nouveau reflet, une nouvelle virginité, une nouvelle pureté, pour le prochain ou le même; qui sait? Mais la blancheur de sa peau, sa vie qu'elle voudrait tout aussi immaculée ne l'entendent pas de cette façon, et c'est sa beauté qui s'efface peu à peu dans la buée, les larmes noires glissent le long de ses joues, disparaissent sur les commissures de sa bouche, entre les suçons de son cou. Sous ce visage voilé, noirci par les traces d'un maquillage passé, elle s'amuse à revivre chaque moment, à se rappeler son regard, appuyé, ses yeux qui détaillent son corps endormi, la sueur qui fait briller son dos, ses reins, qui s'immisce dans la raie de son cul, entre ses jambes écartées. Ouverte, rassasiée et offerte, elle l'a fait de nouveau bander, gisante, naïve, laissant, non deviner, mais Belle et bien apparaître, provocatrice, son sexe, ses lèvres gonflées de l'acte accompli, humides de mouille et de foutre. Il la prendra, de nouveau et encore, après sa clope. Elle le sent, elle le sait, et cette suite, ce prochain épisode qu'elle pressent intense, toujours plus fort, la fait s'endormir, le sourire aux lèvres, pour quelques minutes seulement.

Aucun commentaire: