14 févr. 2008

Café frappé


Il fait beau en février, il fait particulièrement beau, un dérèglement du temps qui te met face à ton propre dérèglement, à ce sentiment une fois de plus que ton esprit s'est emparé de ta raison, la bouffe comme une tumeur qui se cale sur chaque partie de ton corps dans le but de le faire fléchir, de te faire avouer une fois de plus que tu n'es qu'une putain. Le soleil est haut dans le ciel, un soleil radieux qui t'appelle, te force à sourire de cette vie que tu sens renaître en toi. Alors tu te trouves des excuses, tu n'arrives plus à savoir si tout cela est de ta faute ou non. Ta vie ne gravite qu'autour du sexe, qu'autour de tous ces hommes dont tu voudrais être le centre, qu'autour de cette inspiration que tu sens en toi, grandissante, jamais tranquille. Ce sera lui, à ton prochain tableau de chasse, ce sera lui la cible. Ce n'est plus toi qui choisis mais une "volonté" intérieure qui te confronte à des situations, te pousse dans les bras d'hommes, de plus en plus inaccessibles, de moins en moins disponibles, et qui nourrissent cette force sexuelle que tu possèdes, et qui rongent peu à peu ta force vitale. Mais tout ceci n'est plus de l'ordre du choix, tu l'as compris et tu te laisses emporter; parce que tu n'es pas une battante et qu'il est si dur de se battre contre soi-même. Cela n'aurait pu être dans un corps vigoureux, sûr de soi, alors Ca t'est tombé dessus et tu continues à en sentir l'impact dés qu'un homme s'approche, dés qu'une nouvelle cible est désignée. Il y a des femmes à la face voilée, aujourd'hui, sur la place de la Sorbonne, des femmes qui ne font pas attention à ce soleil, à la vie qui chauffe, qui voudrait s'exprimer dans chacun de ces corps. Mais il n'y en a qu'une, en short, les seins nus, qui, elle, se voile la face en regardant ce soleil, oh combien de fois attendu, et qu'elle voudrait maintenant voir disparaître derrière les nuages; un simple ciel voilé pour éclaircir de nouveau sa vie, non un soleil provocateur qui l'éblouit, la fait vaciller, ne lui proposant que son propre reflet, net, limpide, si cruel. Alors tu te répètes le Chemin de Vie, tracé par d'autres et que tu devrais, toi, douloureusement suivre: un parcours universitaire, un boulot bien payé qui te permettrait de partir en vacances, voire même de t'acheter une maison de campagne, un mari aimant, la maison et son jardin, des gosses, un chien... Et, de nouveau, cette chose qui te reprend, te possède, là, juste à la gorge et entre les cuisses, parce que tu ne veux pas de cette vie, rêvée par d'autres. Mais tu sais que ton existence est en jeu, sur la sellette, si tu ne respectes pas les règles; que tu mourras, une nuit de jouissance, ton souffle se perdant sur une queue, sur un cul, dans une odeur suintante de mouille et de foutre. Ce jour-là, jambes écartées, tu te seras égarée - ou retrouvée - morte paradoxalement dans un instant de vie porté à son paroxysme.

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