23 févr. 2008

Artifices

Aeric Meredith Goujon 



 

Artifices cachés sous le lit, artifices exhibés dans les toilettes. Alors il vaut mieux se rendre dans les lieux publics, propices à ce qu’elle désire, à ce qu’elle attend, à ce que son sexe demande. Parce qu’il gouverne sa vie, professionnelle et privée, c’est certain. Demain, elle aura oublié. Pour l’instant, elle erre dans ces espaces, de passage, là où elle peut se toucher, s’utiliser, en les imaginant tous, hommes et femmes, descendre, la rejoindre sans savoir qu’elle est là. Demain, les gens seront autres, elle pourra appréhender, prendre le dessus sur son corps qui, tous les soirs, la domine, la force à les dominer tous.  Mal au crâne. C’est usant de se donner, d’essayer de lui faire plaisir, de lui faire mal en se jetant dans les bras des hommes. Ses lèvres saignent. Elle voudrait un rouge vif, ce n’est qu’un mélange de mouille et de nuit. Dodo. Son entre jambes ne répond plus, se révolte contre sa tête qui en redemande, la jette au supplice. Ce soir, elle dormira. Elle saura dire non. Artifices mis à part, reportés à demain. Jambes croisées, elle fera l’amour en pensées. Des mots qui résonnent encore dans sa tête lorsqu’elle surprend son reflet dans la glace des chiottes. C’est bien elle, elle et un autre, la tête dans sa nuque, la main dans son calbute. Elle n’a pas eu à donner de réponse, pas eu à promettre, alors pourquoi ne pas suivre l’eau qui s’échappe du robinet, suivre la rivière et l’enchaînement de causalité qui rythme sa vie ? … Elle rira, au petit matin, dans une chambre inconnue, sous un Paris gris souris, les artifices au pied du lit.

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