6 déc. 2012

Les pavés de Paris ont quelque chose de sexuel #4

Le flic a remis le gyrophare pour passer un feu et Violette ouvre les yeux. C’est fou comme l’on peut résumer des mois de sa vie en une ou deux phrases et que des petits détails en rapport à un événement peuvent nous poursuivre tout au long de notre existence ! À travers la vitre, Violette tente de fixer les pavés de Paris qui défilent. Quand elle est partie au bras du flic, celui-ci a dit à ses parents : « Elle s’en sort ou elle plonge. » Demain sera sinistre. Violette ferme de nouveau les yeux. Les mots défilent, comme préambule macabre à ce Deux ex machina. Avortement. Coma éthylique. Médicaments. Sexe. Drogue. Elle avait fait de ce café son Q.G. Fini les magouilles de lycéenne, vive la vie étudiante, les profs, les quadragénaires, les… tous ceux qui lui passeraient sous les doigts. Le gérant était un type qui ressemblait à Bruce Willis et enchaînait les histoires désastreuses. Violette était sa gaieté de la journée. Elle passait des heures entre ces murs, persuadée d’avoir trouvé là sa deuxième maison. Ou sa première. On ne peut pas motiver quelqu’un à changer son monde quand celui-ci semble une évidence. C’était sa vie malgré qu’elle n’eut aucune base pour se permettre d’en décider. Quand tous y furent passés, gérant, chef de rang, client, elle attendit. Et Laurent arriva. L’acmé. Et elle de ne pas le reconnaître. IL lui parla en français, anglais, italien. Elle comprit que sa jupe était sexy, elle plus que sexy, qu’il avait envie de la ramener chez lui. Et c’est à ce moment précis que Romain est entré dans sa vie. « Laisse-la », a-t-il dit. C’était le nouveau serveur et elle n’avait rien tenté pour l’attirer, sa vie à lui était « trop compliquée ». Si elle avait su… Elle aurait agi exactement pareil. Par pure provocation, elle se laissa raccompagner par Laurent jusqu’au métro avec une vague promesse d’un jour, peut-être. Puis elle fila retrouver Romain, fière et disponible pour leur premier rencart. Son compte en banque dégringola et suffoqua, elle manquait cruellement de sommeil et ne s’alimentait pas assez. Mais tout était tellement grisant. De jour en jour plus provocante, inaccessible au bras de celui qu’elle portait aux nues. Elle avait retrouvé Laurent et toute une bande et ils sortaient, flirtaient, buvaient, sniffaient sans qu’elle ne se demande jamais de quoi ce cauchemar pouvait se nourrir. Elle n’allait plus en cours, n’allait plus chez ses parents, et tout continuait pourtant à se dérouler comme par magie.

Aucun commentaire: